Made in France
De Nicolas Boukhrief
Avec Malik Zidi, Dimitri Storoge, François Civil, Nassim Si Ahmed, Ahmed Dramé
France – 2014 – 1h34
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Sam, journaliste indépendant, profite de sa culture musulmane pour infiltrer les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Il se rapproche d’un groupe de quatre jeunes qui ont reçu pour mission de créer une cellule djihadiste et semer le chaos au coeur de Paris…
Nicolas Boukhrief, de par ses origines algériennes, notamment un père musulman, voulait traiter depuis longtemps l’intégrisme musulman. L’affaire Khaled Kelkal, le « premier martyr musulman de France » tué quasiment devant les caméras françaises, avait beaucoup marqué le réalisateur. Alors, quand dix-sept ans plus tard, explosent les affaires Mohamed Merah, les frères Kouachi et Ahmed Coulibaly, le constat d’urgence tombe à pic. Nous voici face à un thriller sur le terrorisme islamiste en France, vu de l’intérieur. En effet, Made in France est un thriller paranoïaque anxiogène, où on étouffe avec un cadrage constamment fermé, soulignant la rigidité du contexte et des situations. L’espace filmique est toujours fermé, même pour les séquences en extérieur. Il n’y a donc pas d’ouverture de soi, pas d’ouverture vers les autres. Pourtant, toutes les religions prônent le contraire… Pour continuer de traiter les formes filmiques, on remarque un minimum de mouvements de caméra, accentuant le côté sec, tendu et froid du long-métrage. Chaque scène est semblable à une mèche de dynamite qu’on serait tenté d’allumer, « une pulsion de mort, un narcissisme destructeur et nihiliste » selon le metteur en scène. J’ajouterais la violence glaciale.
Face à un héros, ou anti-héros, musulman de tradition (l’acteur mésestimé Malik Zidi), des profils de convertis divers: de l’ancien taulard en quête de rédemption (le profil le plus connu et le plus médiatisé) au jeune de banlieue se cherchant, en passant par le bourgeois de tradition catholique de province. Et bien sûr on applique l’idée véhiculée, à juste titre malheureusement, du converti voulant se montrer plus islam que l’islam. En effet à partir du moment où ce(tte) converti(e) a rejeté entièrement sa vie d’avant (la télévision, facebook, tweeter et instagram ou snapchat, les jeux vidéos, Tony « la coke et les putes blondes » Montana), a oublié ses rêves de gosse car un nouvel idéal est apparu, sans que l’on comprenne entièrement (qu’est-ce que mourir en martyr?), la personne se met souvent à faire du prosélytisme (l’autre danger à côté du terrorisme). On peut par conséquent avancer les thème de pouvoir, de fascination et de séduction avec la problématique de comprendre ou d’interpréter la volonté et la parole de Dieu (tuer des innocents?). Au niveau des formes filmiques, cela renvoie aux nombreux gros plans de visages face caméra (miroirs de l’âme).
Alors En attendant Godot, rejetons les fausses icônes et sachons qui sont les vrais ennemis, car pour ce qui est du terrorisme islamiste, nous sommes face à une lubie tentaculaire sans tête. L’Histoire, en ces temps sombres, s’écrit avec un grand H, en sommes-nous à la Hauteur?
Hamburger Pimp
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