Un rapport récent de Chainalysis révèle que plus de 75 milliards de dollars en cryptomonnaies associées à des activités illégales sont identifiables et pourraient être récupérés par les autorités. Cette somme colossale, notamment en Bitcoin mais aussi en stablecoins comme Tether, pourrait changer la donne pour les États qui songent à intégrer ces actifs dans leurs réserves nationales. À l’heure où la transparence offerte par les blockchains facilite la traçabilité, ces avoirs illégaux sont devenus une cible prioritaire pour les forces de l’ordre.
Sommaire
Toggle75 milliards de dollars : une réserve cachée de cryptomonnaies saisissables par les États
Chainalysis, référence mondiale dans l’analyse blockchain, a dressé un panorama précis des cryptomonnaies liées à la criminalité. Ce montant colossal se compose de :
- 15 milliards de dollars détenus directement par des organisations illicites
- plus de 60 milliards de dollars dans des portefeuilles exposés indirectement à ces entités
Ce qui marque les esprits, c’est la concentration majeure du total en Bitcoin (environ 75 %), avec une croissance notable des stablecoins, souvent utilisés pour stabiliser la valeur lors d’échanges frauduleux. De leur côté, d’autres cryptomonnaies telles que Ethereum, Ripple ou encore des pièces axées sur la confidentialité comme Monero complètent ce spectre illégal.
Les marchés dits « darknet » contrôlent plus de 40 milliards de dollars en actifs numériques, un univers obscur qui illustre parfaitement la double facette de cet écosystème, combinant innovation mais aussi zones grises.
Un tournant pour les forces de l’ordre grâce à la transparence des blockchains publiques
La particularité des cryptomonnaies est leur enregistrement public sur des blockchains accessibles à tous. Chaque transaction est consultable, ce qui offre un avantage inédit aux autorités :
- Traçabilité facilitée des flux financiers illicites
- Coordination internationale accrue pour la saisie des actifs numériques
- Suivi des portefeuilles suspects en temps réel
Contrairement à l’argent liquide ou au système bancaire traditionnel, où les flux sont opaques, ces caractéristiques autorisent une lutte plus fine et efficace contre le blanchiment et le financement illicite.
Jonathan Levin, cofondateur de Chainalysis, souligne que cette dynamique pourrait révolutionner la manière dont les États envisagent leurs politiques de saisie. Cette évolution intervient alors que des géants comme Coinbase, Binance et Kraken intensifient leurs efforts pour se conformer aux régulations en vigueur, et que des solutions matérielles comme les portefeuilles Ledger sécurisent les avoirs légitimes.
Impact minime mais perception amplifiée du crime en cryptomonnaies
Malgré la médiatisation des fraudes cryptos, les activités illégales restent une part limitée du volume total. En 2024, elles représentaient environ 0,14 % des transactions enregistrées, un chiffre en diminution constante. Par comparaison, le blanchiment à travers les systèmes financiers classiques atteint des taux bien plus élevés, estimés entre 2 et 5 % du PIB mondial selon l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime.
- La visibilité accrue des blockchains génère un signalement plus fréquent des crimes liés aux cryptos.
- Surveillance réglementaire renforcée accroît encore la perception du risque.
- Le monde crypto reste un secteur jeune, en cours de maturation et d’intégration dans les systèmes financiers établis.
Dans ce contexte, l’opportunité est double : réduire la criminalité tout en favorisant une adoption plus large et plus sûre grâce à une meilleure régulation. Pour en savoir plus sur les évolutions réglementaires, vous pouvez consulter cet article traitant des efforts américains pour clarifier le cadre légal.
Des perspectives inédites pour les réserves nationales et la stratégie économique
Cette manne inattendue pourrait transformer la stratégie économique des États. En effet, certains pays envisagent d’accumuler des réserves en cryptomonnaies légales, tout en se positionnant sur la récupération des actifs illicites.
- Plusieurs gouvernements américains étudient la constitution de réserves de Bitcoin et stablecoins comme Tether, outils potentiels de diversification.
- Les analyses de Chainalysis pourraient guider les politiques nationales pour saisir ces actifs incriminés.
- Une meilleure coordination entre les plateformes d’échange, telles que Binance et Kraken, et les autorités devient essentielle.
Un exemple d’intégration technologique est la récente initiative de la Deutsche Börse, permettant l’usage des stablecoins de Circle dans ses transactions, une avancée vers la fusion entre marchés traditionnels et cryptomonnaies (lire l’article).