Curtain
De Jaron Henrie-McCrea
Avec Danni Smith, Tim Lueke, Martin Monahan
Etats-Unis – 2015 – 1h14
Rating:
Danni, une jeune collectrice de fonds (de ceux qu’on esquive en sortant du métro…) pour la cause des baleines, emménage dans un petit appartement new-yorkais. Dès sa première nuit, son rideau de douche disparaît mystérieusement, sans que personne ne soit apparemment entré chez elle. Elle découvre alors que le mur de sa salle de bain est un portail vers une autre dimension (!)…
Pour son premier film, monté à coup de Kickstarter et de débrouille, Jaron Henrie-McCrea nous plonge dans un New-York glauque mais familier. La mise en scène low-budget, en accord avec la vie des protagonistes, participe à créer une sensation de réalisme brut d’où émerge un fantastique des plus incongrus. C’est vrai que la promesse d’un film d’horreur autour d’un rideau de douche prête à sourire mais au lieu de verser dans rigolard, le film traite son sujet au premier degré. Le jeune cinéaste affiche un vrai souci de réalisme et s’y accroche envers et contre tous, et ce sans jamais tomber dans le ridicule. On pouvait aussi redouter, face à un tel pitch (et à sa scène d’ouverture), un huis clos vite rébarbatif, reprenant en boucle le meurtre de Psychose mais il n’en est rien : Curtain sort vite du confinement de l’appartement pour suivre son héroïne se lancer dans une enquête pleine de surprises, invoquant clairement Lovecraft (on pense à la nouvelle La maison de la sorcière déjà adaptée par Stuart Gordon pour Masters of horror).
Le manque de moyens est compensé par une mise en scène plutôt inventive qui multiplie les cadrages radicaux, usant de la courte focale pour tirer le meilleur parti de ses (volontairement ?) pauvres décors. Techniquement, le mix pâti de prises de sons aléatoires, heureusement compensées par une musique en constante mutation qui finît par évoquer clairement les compositions de Carpenter (John ! pas les Carpenters !), autre cinéaste lovecraftien. Mais la vrai richesse du film, c’est bien son scénario, très carré sans être trop mécanique, qui passe allègrement du mystique au cartésien en passant par le psychologique, tout en conservant une vraie cohérence et en développant une mythologie propre bien que largement inspirée de Lovecraft (je me répète ?). Le tout nous conduit un climax grand guignolesque mais forcément limité qui aboutir sur un final malin qui achève le puzzle en tout modestie.
Curtain est donc, en plus d’être un premier long, un excellent «petit» film qui nous propose une vision sans beaucoup d’originalité (à l’exception bien-sûr de ce putain de rideau de douche !) mais avec une vraie sincérité. On est d’ores et déjà pressé de découvrir ce que Jaron Henrie-McCrea pourra nous proposer à l’avenir avec plus de moyens (ou pas d’ailleurs !).
Hollyshit
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