Looper
De Rian Johnson
Avec Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt
Etats-Unis – 2012 – 1h58
Rating:
Joe est un looper. Il descend de sang froid les témoins gênants qui lui sont envoyés à travers le temps par la Mafia du futur. Il mène une vie insouciante de crime jusqu’au jour où la cible qu’on lui envoie n’est autre que…lui même avec 30 ans de plus…
Bon bah voilà, le film que j’attends depuis 3 ans vient de sortir…
Le réalisateur que je suis depuis le même nombre d’années et dont personne ou presque a vu les précédents films est révélé au grand jour avec un film de genre encore une fois.
Un film de Science Fiction.
Je sais pas si Rian Johnson s’est dit avant de faire ce film « Tiens, je vais enculer Nolan, Cameron, Shyamalan et Spielberg ! », mais en gros, c’est ce qu’il fait.
Et y en a 3 sur les 4 que je viens de citer qui sont parmi mes réalisateurs préférés…
En fait, oubliez ce que je viens de dire, on s’en fout de ça en fait finalement, le cinéma n’est pas un concours de bite (même si Michael Bay a probablement la plus grosse), et l’homme derrière Looper l’a bien compris !
Le film est une histoire de voyage temporelle, à priori plutôt compliquée et mêlant paradoxes temporels, retours et avances rapides. Mais tout cela, c’est à priori, parce que le premier bon point de Johnson est de garder évidemment tout ce qui touche à la science fiction dans son film, mais de simplifier le tout au maximum, être le plus frontal possible afin de mettre le plus vite possible l’humain au centre de l’action, du décor, du genre.
Je ne dis pas du tout que la Science Fiction ne sert ici que de prétexte… Non, absolument pas, elle est là, elle est partout, mais l’histoire racontée dans cet univers est humaine au possible.
En fait, à l’heure qu’il est, si vous avez lu mes critiques concernant les précédents films de l’auteur, ça ne devrait pas vous étonner… Rian Johnson depuis 3 films maintenant fait des films de genre qui sont de grands petits films dirons nous, parce que malgré une réelle ambition formelle s’inscrivant pourtant dans des codes prédéfinis, le réalisateur/scénariste réussit à transcender cela, à insuffler une âme à chacun de ses personnages, en s’éclatant à créer un univers et en travaillant à le peupler de personnes qui ressentent.
Je ne veux pas trop en dire de peur de spoiler, donc on va rester dans le théorique si vous le voulez bien :
Imaginez Terminator réalisé par Terrence Malick, sans rien enlever ni au premier ni au deuxième.
Maintenant, imaginez Akira réalisé par Nicolas Winding Refn.
Puis mélangez ces 4 références.
Et enfin, ajoutez à tout cela la vision d’un auteur et non d’un simple artisan.
Car oui, c’est bien ça que j’ai vu ce soir, le présent, le passé et le futur de la Science Fiction.
J’adore quand un auteur a des références mais qui, au lieu de les parsemer n’importe comment au gré de son humeur dans son film, réussit à imbriquer le tout dans une vision propre à lui.
Quand un mec qui s’inspire de Blade Runner, d’Incassable, de Terminator, de Minority Report et de tant d’autres films inscrits dans l’inconscient collectif, réussit à te faire un ouvrage de Science Fiction qui traite de l’éducation.
Pour ce qui est de la construction de l’univers, je trouve ça vraiment classe d’ailleurs, et j’apprécie que l’auteur ait un réel attachement à l’imagerie des années 30 ou 40, ça fait très rétro SF, et ça rappelle autant Blade Runner que les films de Hawks ou les romans de Hammett, en passant par des séries B/Z comme Repo Men.
Tout ça est servi par un casting du FEU DE DIEU !
Entre Willis, Levitt, Blunt, Daniels, le gamin, c’est la méga fête !
Ils jouent tous très, très, très bien et c’est genre le film officiel pour promouvoir le charisme de l’être humain.
J’adore aussi comme le film est clairement divisé en deux parties différentes et pourtant homogènes, émouvantes.
Enfin bref, je ne vais pas m’éterniser, je suis encore sous le choc du film là, chaud bouillant, mais sachez juste que Johnson réussit dans son film ce que quasi tout le monde avant lui a raté… Il réussit à faire un film de science fiction original, personnel, simple, touchant et humain.
Et pour couronner le tout, il offre des pistes de réflexions sous formes de références mais se soucie de laisser le « champs des possibles » ouvert en permanence. L’auteur est conscient des références avec lesquelles il flirte et réussit à évoquer sans copier, à nous laisser imaginer, c’est tout ce que je demandais.
Ca faisait longtemps qu’un film n’avait pas pulvérisé mes attentes déjà très hautes…
Et ça fait du bien !
The Vug m’a écrit après avoir vu le film hier en me disant que c’est le meilleur film depuis la création du site, et je suis plus que d’accord avec lui…
Donc ouais, allez le voir ou arrêtez de nous lire, vous serez sympa !
(Je reviendrai probablement sur le film d’ici quelques semaines, le temps que plus de personnes l’aient vu et qu’on puisse parler de ce dernier plus en détail)
Des poutous !
Skreemer
Putain, je suis tellement d’accord avec cette critique. Je suis sortit du ciné avec la même impression. Enfin un film de SF mature, adulte et qui fait réfléchir. Et ce côté simple et en même temps ultra complexe. Raaaah, c’était trop bon. J’ai juste un petit reproche, c’est l’introduction du flash foward qui est en elle même un paradoxe (si le jeune Joe, tue le vieux Joe, une première fois, comment peut-il y avoir une seconde version).
Une idée brillante, des situations intrigantes et complexes, un univers crédible et stimulant, Looper avait tout pour être le nouveau monument du voyage dans le temps au cinéma. Dommage alors que le scénario soit mal maîtrisé et mène à une terrible incohérence qui sape sa crédibilité. Looper reste quand même le petit film de science-fiction réussi qu’on n’attendait pas. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2012/12/12/looper-critique/
Film ambitieux, bien servi, mais qui reste moyen. Entre la fin qui tient aussi bien debout qu’un poivrot en fin de soirée et qui finit par faire perdre l’équilibre déjà précaire du film. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre l’enthousiasme des critiques, le succès ok(bein oui, les gens…). Mais j’avais pas lu la critique ici. Stupeur.
Terrence Malick ? Faut être franchement culotté pour l’associer à ça. On parle bien de celui qui a signé la ballade sauvage ? J’ai un doute du coup.
» Tiens, je vais enculer Nolan, Cameron, Shyamalan et Spielberg ! » Les 4 ont fait mieux que Looper, donc pour l’enculade on repassera, d’autant que je ne suis pas vraiment fan de 3 sur les 4 cités. Au final, Minority Report et Inception sont tout aussi ambitieux et tout aussi peu inspiré. 3 étoiles, pas moins, pas plus.
Excellent ce film, et sur tous les plans. A revoir d’ailleurs!