Il y a des soirs où la mode ne se contente pas d’habiller : elle secoue. Le 22 mai 2025, le Palais des Papes , joyau gothique niché au cœur d’Avignon, s’est transformé en podium pour le défilé Croisière 2026 de Louis Vuitton. Un décor millénaire, des silhouettes futuristes, et au milieu de tout ça… des cris, des flashs, des pancartes. Glamour, tension, histoire et revendications : bienvenue à l’événement qui a brouillé les frontières entre catwalk et société.
Et si la vraie star de ce défilé n’était ni Emma Stone, ni Brigitte Macron, mais la ville elle-même ?
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ToggleUn choc visuel et symbolique au cœur d’Avignon
Ce n’est pas tous les jours qu’on voit Pharrell Williams contempler des gargouilles, ou Cate Blanchett longer les remparts d’un palais papal. Nicolas Ghesquière, directeur artistique de la maison Vuitton, a livré une collection audacieuse : capes d’un autre temps, épaules sculptées, matières métalliques… Le passé embrassait le futur à chaque pas des mannequins.
Mais plus qu’un exercice de style, c’était un message : faire vibrer un lieu figé par l’histoire avec la modernité d’une maison de luxe. Une tension poétique… et politique.
Manifestations, flashballs et pancartes : la contestation s’invite au premier rang
Dehors, une autre mise en scène se déroulait. L’association Attac et d’autres collectifs ont manifesté contre les inégalités sociales symbolisées, selon eux, par cet événement ultra-sécurisé. Le slogan ? « Taxons les riches ». Les manifestants pointaient le contraste entre le faste du défilé et les réalités économiques locales.
Peut-on défiler au sommet de la société sans voir ceux d’en bas ? Voilà le genre de question que cette soirée a fait surgir, sans discours mais en images fortes. Car la mode, qu’on le veuille ou non, est toujours politique.
Une pluie de célébrités… et de retombées économiques
Avignon n’avait jamais vu autant de caméras, ni de garde du corps. Le Palais des Papes, fermé aux visiteurs pendant trois jours, s’est vu propulsé en décor de luxe. Mais pour les hôteliers, restaurateurs, artisans et commerçants du centre-ville, ce fut une bénédiction : affluence record, réservations pleines, et une vitrine planétaire.
Le paradoxe ? Ce même événement qui cristallise la colère de certains booste l’économie d’une ville souvent éclipsée par les grandes capitales de la mode. Comme quoi, l’effet Vuitton ne se limite pas à la garde-robe…
Quand la mode devient un théâtre de tensions sociales
On pourrait croire qu’un défilé ne change rien. Qu’il s’agit d’une bulle, d’un monde à part. Mais quand la politique s’invite entre les rangs des invités VIP, quand les manifestants croisent le regard des influenceuses, le vernis craque. Ce soir-là, Avignon n’était plus seulement une ville d’art, mais une scène où se rejouaient les tensions de notre époque.
Ce que ce défilé révèle, ce n’est pas seulement le goût du cuir ou la forme d’un corset : c’est le dialogue, souvent tendu, entre luxe et accessibilité, entre art et économie, entre silence et colère. Un moment où l’on ne regarde plus seulement les vêtements, mais ce qu’ils provoquent.
Et maintenant ? La trace laissée par un défilé hors norme
Depuis ce soir-là, Avignon a changé. La ville, soudain mise sous les projecteurs, voit son image évoluer : plus jeune, plus branchée, plus disputée aussi. Louis Vuitton a peut-être posé un talon doré dans une ruelle pavée, mais ce sont les habitants, les commerçants, les manifestants qui continuent de faire battre le cœur de cette cité papale.
Alors, simple opération marketing ou manifeste silencieux ? Peut-être un peu des deux. Mais une chose est sûre : Avignon, elle, n’oubliera pas.
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