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Passion
De Brian De Palma
Avec Rachel McAdams, Noomi Rapace et Paul Anderson
Allemagne/France – 2012 – 1h40
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Dans les bureaux d’une agence de pub en Allemagne, une boss (Rachel McAdams) entraîne sa subordonnée (Noomi Rapace) dans ses jeux libertins. Lorsque la première décide de s’octroyer tous les mérites du travail de la seconde, le torchon finit par brûler. Entre manipulations et coups tordus, la situation commence à devenir dangereuse entre les deux femmes.
Remake de Crime d’amour, ultime film d’Alain Corneau, décédé quelques jours après la sortie de son film en France, soit il y a exactement deux ans et demi, Passion vient confirmer la situation difficile dans laquelle se trouve Brian De Palma. Fustigé par les cinéphiles déçus de son adaptation du Dahlia Noir de James Ellroy, descendu en flamme par les médias américains pour son manque de patriotisme dans Redacted, De Palma revient après cinq ans de silence cinématographique.
Bon, on va pas vous faire le coup du retour que l’on attendait depuis des plombes et qui finalement nous déçoit puisqu’il est désormais acquis que Brian De Palma est largement en dessous de ses capacités dramaturgiques depuis son dernier chef-d’œuvre en date que constitue L’Impasse, titre assez représentatif de la situation dans laquelle se trouve le réalisateur depuis vingt ans. Quel intérêt, en effet, de refaire un remake européen d’un film français déjà récent qui ne sera vu de toute façon que par des Européens (et des Français en particulier) ? Aucun, si ce n’est le plaisir de retrouver un maestro se remettre à l’exercice avec ses effets de style habituels (split-screen, netteté simultanée du premier plan et de l’arrière plan, travelling sur les façades).
Si Passion n’apportera rien pour redorer le blason de Brian De Palma, il serait dommage de jeter le film aux orties. Certes, le film cède souvent à la caricature et à la naïveté pour décrire ces cadres publicitaires cyniques et sans scrupules (pourquoi cette catégorie socioprofessionnelle ne donne-t-elle que des personnages antipathiques au cinéma ?) et, à ce titre, la première partie mettra votre patience à rude épreuve tant elle semble avoir été écrite par quelqu’un qui serait resté bloqué in fine à la fin des années 80. Une ambiance pleine de fric et de cul donc, qui fait l’impasse sur les questions actuelles (la mondialisation, la crise, le chômage, tout ça quoi) pour s’axer exclusivement sur une intrigue érotico-meurtrière entre bourges qui reste des plus schématiques. Du cinéma de vieux pour les vieux mais admirablement filmé. Car il y a une réelle montée de la tension dramatique, une fois le film lancé sur ses rails, dont le grand mérite reviendra tout autant à la mise en scène de Brian De Palma qu’à l’interprétation toujours sans faille de Noomi Rapace. Dès que celle-ci rentre dans la phase obscure de son personnage, les plans commencent à perdre leur horizontalité et la luminosité devient anormalement faible. On ira donc voir Passion, comme tous les films de De Palma depuis Snake Eyes, essentiellement pour comprendre comment le réalisateur parvient à transcender un scénario faiblard par la simple force de sa mise en scène cinématographique. Quant à ceux qui veulent une histoire consistante, il faudra malheureusement aller voir ailleurs.
The Vug
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