The We and the I
De Michel Gondry
Avec Michael Brodie, Teresa Lynn, Lady Chen Carrasco
Etats-Unis, Grande-Bretagne – 2012 – 1h43
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C’est la fin des cours dans un lycée du Bronx, qui annonce le début des vacances d’été. Tous les jeunes embarquent dans le bus qui va les ramener un à un chez eux et à leurs occupations, préoccupations et interrogations…
Un road movie en bus ? Michel Gondry l’a fait. Dans une réflexion sur la jeunesse des classes populaires et défavorisées, l’artisan français se lance dans l’actualité : c’est quoi être un jeune en 2012 ? Entre vacheries et insultes, blagues potaches et situations cocasses, le film composé en trois parties, dessine un huis-clos original car on peut en sortir. Mais on en sort soit par affirmation soit par rejet. En effet c’est un microcosme intéressant, répondant aux clichés de toujours ; d’un côté les durs, les gens branchés, de l’autre les marginaux, les bizarres ; pour mieux ensuite les disséquer. En effet ces jeunes ont-ils une profondeur ou juste l’attitude stupide de leur âge ? Cela permet de facilement insérer l’univers bricolé de Gondry : des vidéos faussement amateur en flashback ou des saynètes en carton pâte (feu païen ou yaourt).
Car la violence règne dans ce monde impitoyable de l’adolescence, se montrer tel qu’on est est-ce se montrer faible ? Pourtant l’homosexualité est affirmée. Mais le regard des autres est toujours difficile à gérer à cet âge, ajouté à cela la vitesse de libération, concept de Paul Virillo déjà évoqué sur le site, où n’importe quel évènement vécu se retrouve sur internet ou les réseaux sociaux ; le running gag du film est d’ailleurs une vidéo d’un des jeunes glissant dans la cuisine car on a étalé du beurre sur le sol ; un processus qui peut pousser les jeunes à disparaître du bahut ou à devenir dépressif. « Si tu souris pas comme dans une pub pour un shampoing, c’est que tu es dépressive. » dit la chauffeuse de bus, une remarque pour rappeler sûrement le problème de tout médicamenteux aux Etats-Unis, qui commence à toucher les ados.
Pourtant ces jeunes, du moins quelques-uns, ont une conscience du monde car la réalité qu’ils vivent n’est pas aussi cool qu’ils la prétendent. Entre des parents qui ne font pas leur rôle et la mort qu’ils peuvent côtoyer, ce sont peut-être finalement des écoliers en armure qui ne veulent être entre les murs. Mais ce sont des êtres sensibles à la beauté (la séquence majestueuse d’une fille en robe roulant en vélo au ralenti avec un fin comique propre à l’adolescence). Je dois reconnaître plus d’inventivité et de style chez Gondry que chez Laurent Cantet, et aussi quelque chose de moins solennel. Son meilleur film depuis Eternal Sunshine of Spotless Mind. Dur d’être jeune.
Hamburger Pimp