The Descent
de Neil Marshall
avec Natalie Jackson Mendoza, Shauna Macdonald et Myanna Buring
Grande Bretagne – 2005 – 1h49
Rating:
Dans le panthéon du renouveau de l’Horreur, si il y en a bien un qui n’a pas volé sa place, c’est bien Neil Marshall. Original dans sa forme comme dans son scenario, The Descent multiplie les différentes peurs utilisées, leur donnant à chacune leur mise en scène propre, tout en gardant une cohérence solide d’un bout à l’autre.
Instaurant chez son spectateur un malaise dès la scène d’intro, d’une violence imprévisible, Marshall le laisse apprivoiser et apprécier ses héroïnes: un groupe de nanas couillues fonctionnant de manière totalement masculine. La bande de six garçons manqués en question se réunit pour faire un circuit de spéléo pour changer les idées de Sarah, encore endeuillée par la perte de son époux et de leur petite fille. Mais un éboulement les contraint à avancer au plus profond de la grotte, encore jamais explorée.
Posant intelligemment les différentes mécaniques internes du groupe (les affinités, les tensions, les passés communs douloureux…), Marshall intègre son spectateur au groupe, lui en faisant partager l’intimité, les secrets et les mensonges. Entre les scènes de tension entre les filles, pourrissant au fur et à mesure leurs rapports, et les scènes de suspense lors des passages difficiles de leur avancée sous terre, le réalisateur britannique instaure une ambiance claustrophobique à l’image de leur enfermement dans la grotte. Plongés dans le noir, nous suivons la progression des filles, éclairées de simples lampes torches et des fusées, nous, assis dans cette salle obscure et fermée… Comment ne pas s’identifier à ce qui se passe à l’écran?
Non content de rapprocher le contexte de son film à celui de son audience, Marshall, en bon membre du Splat Pack qu’il est, ponctue ce parcours cauchemardesque de détails gore bien crispants. Forcément qui dit spéléo, dit chute et accident potentiels et le bougre lésine pas sur les idées visuelles qui hérissent un max (les ongles, les os, bref, on vous laisse deviner le topo).
Déjà, le mec pouvait s’arrêter là, il avait de quoi faire un bon film. Mais Marshall ne s’en contente pas, , il va plus loin et apporte à son film une autre dimension. Là, où il aurait pu se satisfaire d’un film d’horreur psychologique à la The Hole (celui avec Keira Knightley et Thora Birch, pas le Joe Dante), le réalisateur enchaine en faisant basculer son film dans un autre genre (un peu comme Psycho) en ajoutant un nouveau danger planant sur les filles. Tout en continuant à jouer sur les tensions internes du groupe et faisant exploser petit à petit l’individualisme qui se développe dans des situations de survie, Marshall donne une raison à son esthétique gore et s’en donne à coeur joie. Bien loin de chercher à écœurer plus que nécessaire, il utilise la pénombre de son décors, les clairs obscurs qui se dessinent dans les cavités, minimisant l’impact visuel de la scène (souvent furtive), déplace sa caméra au cœur de l’action, au plus près des plaies, sans que cela n’aille jusqu’à la nausée. L’obscurité encore, instaurant la caméra infrarouge cher à Blair Witch mais en l’intégrant dans une scène de suspense terrifiante (qui sera pompée pour la fin de [Rec] de Plaza/Balaguero), pouvant s’avérer salutaire ou mortelle, préfigure ce hors champ sur lequel il joue en permanence (la menace invisible). N’hésitant pas à placer des ellipses brutales, passant d’un moement de calme à un moment de stress d’un plan à l’autre, Marshall instaure de brèves respirations qui se feront de plus en plus rares au fur et à mesure que s’accélère le rythme du film.
Avec The Descent, Neil Marshall a montré qu’il savait non seulement écrire un scénario novateur et étonnant mais aussi qu’il était plus que capable d’en mener la réalisation d’une main de maitre. Appuyé par le montage nerveux et tendu de Jon Harris (monteur de Kick Ass et d’Eden Lake), The Descent multiplie horreur psychologique comme visuelle, alternant suspens et scènes d’action tendues du slip, parsemant des éléments gore toujours bien dosés et pensés avec intelligence.
Lullaby Firefly
C’est vrai qu’il s’agit là d’un bon film d’horreur, l’un des meilleurs de ces dernières années.
Quelle est votre interprétation de la fin du film ? 🙂
Et autre chose : vous précisez le nom du monteur, et la grande qualité de son travail, mais n’est-ce pas surtout le réalisateur, en l’occurrence Neil Marshall, qui dicte au monteur ce qu’il doit faire ?
Pour ce qui est de la fin, je dirai qu’elle est dans un sacrée pétrin, si tu vois ce que je veux dire 🙂 C’est un peu la même fin que Brazil en un sens… (pour minimiser les spoilers ^^)
Quand au monteur, c’est vrai qu’il suit les instructions du réalisateur mais il transpire parfois une sensibilité qui lui est propre (le travail de Sally Menke sur les Tarantino par exemple). Et je trouve qu’il y a des similitudes dans les montages de The Descent, Kick Ass et Eden Lake, tous trois montés par Harris, surtout en ce qui concerne les scènes d’action et de suspens. Mais la grande part du mérite revient à Marshall, vu qu’en plus de la réal, il a assuré le scenario.
Pour la fin vous oubliez de préciser que vous parlez de la version européenne, la version US ayant été bien rabotée avec la double conséquence de laisser un happy end et de permettre une suite (pourrave, mais quand la production a faim, le directeur se tait).
Cette fin US a quand même un mérite, supprimer le twist « Ce N’Était qu’Un Rêve » certes ici inversé mais normalement interdit et dont l’utilisation est passible de lapidation dans le milieu des scénaristes depuis le XIXème siècle.
Et puis désolé pour le spoiler mais le film a 6 ans, y a prescription 🙂
La première moitié de fil d’horreur la plus mieux bien des années 2000 et surement avant et après. Sauf que les méchantes créatures, je suis passé de coup de flip à mouhahahaha. Autant dire que j’ai moyennement aimé « l’autre dimension » du film. Dans l’ensemble ça reste un bon film (à regarder la veille d’une petite randonnée) 🙂
Hum.. ça sert à quoi les notes sur les comm ?
Je sais pas. Faut demander à la boss. En tous cas, j’ai bien aimé ton dernier commentaire donc je note 4.
J’aime bien que t’aimes bien, j’ai mis 5 étoiles au tien du coup… je flood un peu, la non ? . Une lettre a disparu de mon précédent message donc je corrige et limite le flood : « film » et non « fil ».