Le Lac Noir
de Victor Jaquier
avec Céline Bolomey et Adrien de Van
Suisse – 2011- 20 min
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Madeleine vit dans la forêt avec Jean, qui l’a recueillie et soignée alors qu’elle avait été abandonnée à son sort. Le couple vivrait un amour tranquille si la jeune femme amnésique n’était hantée de plus en plus régulièrement par un cauchemar. Un jour, Jean pêche un énorme poisson dans le ventre duquel il trouve un garçon. Mais l’arrivée de l’enfant va faire remonter en surface les souvenirs de Madeleine.
On dit parfois d’un long métrage un peu bancal qu’il s’agit d’un court métrage allongé (comme pour Moon..ou Source Code). Le Lac Noir est l’exact opposé, un long condensé en 20 min. Visuellement très beau, ce conte gothique n’a rien à envier aux grosses productions (notamment Le Chaperon Rouge de Catherine Hardwicke), parvenant aussi bien à s’imprégner de l’ambiance onirique des paysages suisses que de recréer cette même atmosphère dans ses plans tournés en studios (comme les intérieurs de la cabane).
httpv://www.youtube.com/watch?v=N7C6Cfrywz4
Etant l’un des courts métrages les plus chers jamais produits en Suisse, Le Lac Noir ne lésine pas sur les moyens et livre une œuvre présageant des meilleures augures pour son réalisateur, Victor Jaquier, qui se détache du carcan du court pour aboutir à une esthétique forte en contraste et en onirisme: les nuits sont bleues et brumeuses, le jour transperce les arbres en rayons surréalistes. Il n’y a aucun doute, nous sommes dans un conte. Le gigantisme du poisson, l’étrange comportement de l’enfant, la nature même du secret et le dénouement final, d’une audace et d’une originalité sans équivalent dans le genre, tout s’assemble dans une parfaite cohérence, ancrant le film dans l’ambiguïté propre à l’univers du conte. Ne vous attendez pas pour autant à un happy end. Le contraste entre le merveilleux qu’inspire les vues extérieures de la cabane et le gothique des scènes de nuits, voilà ce qui définit Le Lac Noir: un conte, certes, mais d’une noirceur et d’une mélancolie propres aux contes oraux et écrits, aux mythes, que bien des adaptations Disney ont fait disparaitre de notre inconscient collectif.
Malgré les contraintes d’écriture qu’impose le format du court métrage, le film réussit à narrer son histoire et sa complexité avec une certaine adresse, tout en réussissant à inclure le twist nécessaire à l’exercice. Fort d’idées visuelles très originales (le poisson et surtout la dernière scène), Le Lac Noir s’avère être aussi bien conçu que bien écrit. Un nom à suivre que celui de Victor Jaquier…
A noter qu’une avant première du film se déroule ce 1er Juin à 20h au Club de l’Étoile à Paris et c’est entrée gratuite. Autant de raisons de s’y précipiter!
Lullaby Firefly
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