De nos jours, la technologie est omniprésente dans notre quotidien. Elle offre de nombreux avantages mais peut également être une source de préoccupation pour le respect de la vie privée. Dans ce contexte, un sujet suscite beaucoup d’interrogations : « Peut-on légalement suivre une personne via son téléphone sans son consentement ? » Voyons donc ce que dit la loi à ce propos.
Cadre légal de la géolocalisation selon les textes en vigueur
Définition et utilisation de la géolocalisation
Avant d’aborder les aspects juridiques, il convient de définir précisément ce qu’est la géolocalisation. Il s’agit du procédé permettant de positionner un objet (une personne, un véhicule, un téléphone…) sur une carte à partir de ses coordonnées géographiques. Cette technologie est utilisée dans bon nombre d’applications : navigation GPS, localisation des appels d’urgence, suivi des livraisons…
Les textes législatifs et réglementaires
La loi encadre rigoureusement l’utilisation des données personnelles y compris celles liées à la géolocalisation. En France, l’article 226-19 du code pénal stipule que le traitement des données à caractère personnel est interdit lorsqu’il a pour finalité la géolocalisation ayant pour effet de permettre la localisation physique d’une personne sans son consentement préalable. Ce cadre légisif s’applique aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises.
Les conditions de l’utilisation légale
Il existe néanmoins des exceptions à cette interdiction. Dans certains cas, la géolocalisation peut être utilisée sans consentement préalable : en cas d’urgence (notamment pour la localisation des appels d’urgence), dans le cadre du travail (pour surveiller l’utilisation des véhicules de fonction par exemple) ou encore dans le domaine judiciaire (lorsqu’elle est ordonnée par un juge notamment).
Cela nous amène naturellement à parler du rôle et des directives de la CNIL en matière de traçage.
Le rôle et les directives de la CNIL en matière de traçage
Rôle de la CNIL et objectif
La Commission nationale de l’informatique et des libertés, plus connue sous son acronyme CNIL, a pour mission principale de protéger les données personnelles. Elle est également là pour sensibiliser les citoyens à leurs droits, mais aussi conseiller les professionnels dans leur démarche de mise en conformité.
Règles spécifiques encadrées par la CNIL
Pour ce qui est du suivi via téléphone, plusieurs règles sont édictées par la CNIL. La première concerne le consentement : ce dernier doit être libre, éclairé et explicite. Ensuite, le suivi ne peut se faire qu’à certaines conditions : il doit respecter le principe de proportionnalité et être justifié par un intérêt légitime.
Sanctions possibles en cas d’infraction
En cas de non-respect des règles, la CNIL peut prononcer différentes sanctions allant d’une simple mise en demeure jusqu’à une amende administrative pouvant atteindre 20 millions d’euros ou 4% du chiffre d’affaires annuel mondial de l’entreprise fautive. Les particuliers ne sont pas à l’abri des sanctions : ils peuvent se voir infliger une peine de cinq ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende.
Ces règles et directives contribuent à préserver nos droits fondamentaux, notamment le droit à la vie privée et au respect de l’image.
Principes fondamentaux du droit à la vie privée et au respect de l’image
Droit à la vie privée
Le droit à la vie privée est un principe fondamental qui assure à chaque individu le contrôle sur ses informations personnelles. Il s’agit là d’un défenseur nécessaire dans un monde hyper connecté, où les données sont de plus en plus précieuses.
Droit au respect de son image
Au même titre que le droit à la vie privée, le droit au respect de son image est protégé par la loi. C’est-à-dire qu’il n’est pas possible d’utiliser l’image d’une personne sans avoir obtenu son consentement explicite. Tout manquement peut conduire à des poursuites judiciaires.
L’interconnexion entre ces deux droits
Souvent complémentaires, ces deux droits sont indissociables. En effet, l’atteinte à l’un peut constituer une atteinte à l’autre. C’est particulièrement vrai dans le cadre de la géolocalisation, où la collecte et l’utilisation des données peuvent porter préjudice à la fois à la vie privée et au respect de l’image d’une personne.
Néanmoins, il convient de noter qu’il existe des méthodes légales pour localiser un téléphone avec consentement.
Les méthodes légales pour localiser un téléphone avec consentement
Notion du consentement
La loi est claire : toute localisation d’un téléphone ne peut se faire sans le consentement préalable de son utilisateur. Ce dernier doit être informé du type de données collectées, des raisons de cette collecte ainsi que de la durée pendant laquelle ces informations seront conservées. Le consentement n’est donc pas un simple accord, mais bien une démarche éclairée et volontaire.
Outils et applications légaux
Il existe plusieurs outils permettant de localiser légalement un téléphone avec consentement. Ainsi, certains services comme « Localiser mon iPhone » ou « Find My Device » sur Android sont conçus pour aider les utilisateurs à retrouver leur appareil perdu. Par ailleurs, certaines applications peuvent demander l’autorisation d’accéder aux données de localisation pour offrir des services spécifiques (guidage GPS par exemple).
L’importance du paramétrage des autorisations
Cependant, il est essentiel que chaque utilisateur prenne soin de configurer correctement les autorisations accordées à chaque application. Il faut veiller à n’autoriser l’accès aux données de localisation qu’aux applications de confiance et seulement lorsque cela est nécessaire.
Toutefois, il ne faut pas oublier que le suivi téléphonique non autorisé peut avoir des conséquences juridiques importantes.
Conséquences juridiques d’un suivi téléphonique non autorisé
Sanctions pénales encourues
L’interception, l’enregistrement ou la transmission de paroles prononcées à titre privé sans l’accord de l’intéressé sont interdits et passibles d’une peine d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende selon l’article 226-1 du code pénal. Cette sanction peut être portée à deux ans de prison et 60 000 euros d’amende en cas d’utilisation des informations recueillies.
Sanctions civiles possibles
Au-delà des sanctions pénales, le suivi téléphonique non autorisé peut également donner lieu à des dommages-intérêts pour le préjudice subi. En effet, la victime peut engager une action en responsabilité civile pour obtenir réparation.
Cas spécifique du milieu professionnel
Dans le cadre professionnel, les employeurs peuvent être tentés d’utiliser la géolocalisation pour surveiller leurs salariés. Cependant, ce dispositif est strictement encadré par la loi et doit respecter plusieurs critères sous peine de sanctions légales.
Dans cet ordre d’idée, voyons plus en détail la gestion de la géolocalisation dans le milieu professionnel, et quelles sont les obligations des parties prenantes.
Gestion de la géolocalisation dans le milieu professionnel : droits et obligations
Rôle du comité d’entreprise et des délégués du personnel
En entreprise, avant toute mise en place d’un dispositif de géolocalisation, l’employeur est tenu d’informer et de consulter le comité social et économique (CSE) qui réunit les représentants du personnel.
Obligations dont doit se charger l’employeur
L’employeur doit également informer chaque salarié concerné de manière individuelle. Il doit préciser l’objectif poursuivi par le dispositif, sa durée, ainsi que les droits dont disposent les salariés en matière d’accès, de rectification et d’opposition à leurs données personnelles.
Droits des salariés face à la géolocalisation
De leur côté, les salariés ont un droit d’accès aux données collectées par le système de géolocalisation. Ils peuvent demander à tout moment la rectification ou l’effacement de ces informations. De plus, ils doivent avoir la possibilité de désactiver le système hors temps de travail.
Mais au-delà des dispositions légales spécifiques au milieu professionnel, il est bon de rappeler que chacun a droit à la protection de ses données personnelles face aux technologies de localisation.
Protection des données personnelles face aux technologies de localisation
Législation européenne sur la protection des données
Depuis mai 2018, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur dans toute l’Union européenne. Il renforce les droits des citoyens et impose de nouvelles obligations aux entreprises en matière de gestion et de protection des données personnelles.
Mise en application du RGPD
Le RGPD encadre notamment l’utilisation des technologies de localisation. Pour être conformes à ce règlement, les entreprises doivent entre autres obtenir le consentement explicite des utilisateurs avant toute collecte de données, assurer la sécurité des données collectées et informer clairement les utilisateurs de leurs droits.
Rôle des DPO (Data Protection Officer)
Afin d’assurer la mise en conformité avec le RGPD, bon nombre d’organisations ont désigné un DPO ou délégué à la protection des données. Ce dernier a pour mission principale de veiller au respect du RGPD au sein de son organisation.
La technologie avance à grands pas et nos vies sont de plus en plus connectées. Il est essentiel de connaître les règles qui protègent notre vie privée face à ces évolutions constantes.
En résumé, chaque individu a droit au respect de sa vie privée et doit donner son consentement avant tout suivi via son téléphone. La CNIL joue un rôle essentiel pour garantir ces droits fondamentaux. Les méthodes légales permettent une utilisation saine de la géolocalisation avec le consentement préalable. Cependant, un suivi non autorisé risque de lourdes sanctions pénales et civiles. Dans le milieu professionnel, l’utilisation de la géolocalisation est strictement encadrée. Enfin, les données personnelles sont protégées par des dispositions légales renforcées avec l’entrée en vigueur du RGPD.
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