Peaky Blinders
De Steven Knight
Avec Cillian Murphy, Helene McCrory, Paul Anderson, Annabelle Wallis, Tom Hardy, Paddy Considine
On avait laissé Thomas Shelby, le cadet chef de famille (comme Michael Corleone) survivant à son propre assassinat commandité, songeant à se marier, c’est fait. En grandes pompes tel la scène d’introduction du Parrain de Francis Ford Coppola, un mariage mixte, romanichel et bourgeoisie militaire. Et étrangement les mêmes basses de désirs… Mais ce qui est le fil rouge de la troisième saison est le conflit russe s’invitant à Birmingham : une partie de la dynastie royale des Romanov y est exilée tout en étant épiée par l’ambassade russe aux mains des socialistes soviétiques dont est proche Ada Shelby, la petite sœur qu’on veut protéger de tout. Alors de militaire à bandit, Thomas Shelby se retrouve maintenant espion, carrément agent double car il est surveillé et contrôlé les Hot Fellows, une sorte d’organisation secrète anglaise…
Pourtant Thomas, dans cette effervescence des Années Folles, veut se ranger et continuer à construire sa famille, maintenant qu’il domine les gangs italiens et juifs de la région. Il faut se rappeler, néanmoins, de l’ampleur qu’avait prise l’exil des Romanov de Russie : la révélation de leurs différences exactions, la violence quasi-meurtrière interne à la famille, les rumeurs de sorcellerie via Rapoustine… Cela s’entrechoque avec les superstitions romanichels et les volontés d’émancipation de chacun : Polly prête à renouer à l’amour, Arthur se convertissant au christianisme et fondant une famille, John contrôlant les envies d’ailleurs de sa femme Esmée ou encore Michael croyant que tuer quelqu’un fera de lui un homme.
La troisième saison amène une dimension plus sociétale – l’arrivée de scrupules des différents membres du clan (tuer son ancienne institutrice ?), le constat de la société anglaise encore morcelée voire la lutte des classes – et plus sentimentale, Thomas Shelby montre à nouveau ses fêlures. Il en a d’ailleurs des nouvelles mais à la fin, il reste le patron, avec toujours deux coups d’avance. Six épisodes n’est pas trop court, il y a un retournement de situation à chaque fin, le rythme du récit est haletant, sur fond de rock et de jazz avec une réalisation soignée en particulier la lumière sublimant la beauté des paysages anglais, naturel comme urbain : cet effet constant d’écran de fuméé soulignant à la fois la rosée ou l’émanation des usines prolétaires ouvrières. Peaky Blinders montre de façon excellente, avec Sherlock et Black Mirror, la vitalité de la télévision britannique.
Hamburger Pimp
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