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ParaNorman
De Chris Butler et Sam Fell
Avec les voix de Kodi Smit-McPhee, Anna Kendrick, Christopher Mintz-Plasse, Casey Affleck et John Goodman
Etats-Unis – 2012 – 1h33
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Passionné par les films d’horreur, Norman Babcock est un petit garçon qui a donc un étrange pouvoir : celui de voir et de communiquer avec les morts. Tête de turc de son école, il devient pourtant le seul espoir de la petite ville où il habite face à une invasion de morts-vivants. En effet, ceux-ci viennent d’être réveillés par une malédiction jetée par l’esprit d’une sorcière qui fut brûlée vive il y a trois cents ans.
Après Coraline en 2009, qui remettait sur le devant de la scène le trop sous-estimé Henry Selick (L’Étrange Noël de Monsieur Jack), le studio Laika Entertainment, spécialisé comme le studio anglais Aardman Animations dans la stop motion, revient avec ce nouveau projet qui creuse encore plus le sillon d’un cinéma fantastico-horrifique à destination des plus petits. Commençant comme un Sixième sens débarrassé de toute composante anxiogène, ParaNorman s’attaque pourtant dès ses premières minutes à quelques sujets très sérieux : deuil impossible, incompréhension familiale et exclusion sociale comme autant d’éléments façonnant la personnalité de son jeune héros solitaire mais jamais lunaire.
Présenté comme un personnage qui s’épanouit dans sa propre différence, Norman ne doit subir en définitive que la normalité des gens qui l’entourent. Et cette normalité n’est que toute relative puisque chaque personnage évoluant autour de Norman possède sa propre difformité, qu’elle soit physique (le ventre bedonnant de son père ou le gros popotin de sa sœur) ou mentale (le beau gosse bodybuildé qui voue un amour démesuré pour sa voiture). De même, la brute de l’école qui moleste chaque jour Norman en le traitant de freak cultive lui-même sa propre freak attitude par les écarteurs qui ornent les lobes de ses oreilles. La normalité n’a finalement rien à voir avec la norme puisque nous serons toujours le freak de quelqu’un d’autre. Norman ne porte donc pas son prénom pour rien.
Et les zombies alors ? Pas de cannibalisme horrifique à la Romero car le schéma sur la normalité se poursuit encore, ceux-ci payant leur nature de morts-vivants pour avoir envoyé de leur vivant une freak comme Norman au bûcher, donc à la mort. Si cannibalisme il y a, c’est bien par la propension de chacun à vouloir englober son prochain dans sa propre norme. La richesse de l’Humanité réside par conséquent dans la différence de ses individus, l’intolérance n’étant par essence que mortifère. Un message tout bête mais magistralement porté par ce film destiné aux enfants qui se paye également le luxe d’aborder le genre horrifique sans se sentir obligé de faire quinze clins d’œil cinéphiliques à la minute (tout juste retiendra-t-on une citation du thème musical d’Halloween de John Carpenter et une partition rappelant lointainement celle du Jour des morts-vivants de George Romero – point barre). A l’heure où Pixar et DreamWorks jouent au ping pong commercial par des productions en images de synthèse qui ne font que se ressembler les unes aux autres, on ne peut donc que tomber sous le charme singulier de ce film d’animation à l’ancienne. Quand on vous dit qu’il faut cultiver sa propre différence…
The Vug
Bonjour, je n’ai pas encore rédigé de billet sur ce film qui m’a plu surtout après les premières 20 minutes. L’apparation des morts-vivants (qui ne font pas peur) sont une réussite. Ils sont humains malgré tout et plus sympathiques que les vivants. On aimerait revoir Norman et ses cheveux dressés.