Prevenge
de Alice Lowe
Avec Alice Lowe, Kate Dickie, Gemma Whelan
Grande-Bretagne – 2016 – 1h28
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Ruth, enceinte jusqu’aux yeux, ne semble pas avoir fait le deuil du père de son enfant, décédé lors d’un accident d’escalade. Elle se met à rechercher les rescapés de l’aventure, tout en étant guidée par une voix, la voix de son foetus…
Actrice chez Ben Weathley ou chez Edgar Wright, Alice Lowe entame sa première réalisation, un drame horrifique, pour une personne qui vient de la comédie de genre britannique… On pense d’emblée à Rosemary’s Baby, car une femme enceinte peut être complètement désorientée au niveau des sens et du cérébral (tension, envie…). Donc une femme enceinte peut devenir folle? Ce n’est pas loin du postulat du film qui nous intéresse aujourd’hui. Car la discussion entre le foetus et sa maman est le plus gros lien social de la protagoniste principale, un échange conversationnel particulier car bien que le personnage soit plus ou moins présent (Alice Lowe était effectivement enceinte durant le tournage, d’où l’idée), il n’est caractérisé uniquement par sa voix. Cela sous-entend, implique, que le lien entre une mère et son enfant serait le lien humain le plus fort qui soit. Et par conséquent cela amène à une discussion avec une des cibles de Ruth, le DJ Dan expliquant « que les mères aiment forcément leur enfant, mais qu’avoir des enfants c’est être piégé à vie ». Un piège dangereux dès la grossesse pour Alice, car c’est le passage à l’acte d’envie de meurtre. Dans un style slasher, elle tue ses victimes à l’arme blanche par égorgement, la mise en scène joue sur l’urbanité anxiogène (les barres d’immeuble, les chambres d’hôtel) et une certaine solitude des citadins, la situation de nombreuses cibles de Ruth.
D’ailleurs, il y a un travail considérable de l’espace filmique, toutes les victimes sont principalement attaquées en lieux clos et étouffants, des espaces souvent étroits sont filmés, donnant un caractère labyrinthique à la ville. Ajouté à cela une certaine dimension sociale, via les entretiens avec la sage-femme, qui explique que toute femme enceinte seule ou endeuillée en Angleterre, doit être connue des services sociaux, avec une probabilité faible mais existante, qu’on leur enlève leur enfant. Mais la dimension sociale ne s’arrête pas là, car Ruth essaye de connaître la vie de ses victimes et elle n’enviera pas leur vies… Et qui dit film britannique dit humour so british, parsemé dans le film avec brio (le passage avec Gemma Whelan…). Finissons d’ajouter les motifs de maquillage et de couleurs pour la fin du film, ça se passe à Halloween; où Alice est magnifique grimée en sorcière et habillée en robe de princesse.
Ce film Do It Yourself est un pied de nez au statut de la femme enceinte dans nos sociétés, voire un pied de nez aux statuts des parents dans nos sociétés: avoir des enfants n’empêche pas de vivre la vie qu’on souhaite. Mais avec ou sans enfant c’est compliqué d’avoir la vie qu’on souhaite.
Hamburger Pimp
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