10 Cloverfield Lane
De Dan Trachtenberg
Avec Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher Jr
Etats-Unis – 2016 – 1h43





Au volant de sa voiture, Michelle entend un appel de Ben, son copain, son ex ou quoiqu’est-ce, quand, soudain, elle est percutée par un véhicule. Elle se réveille dans un bunker, en présence d’Howard, le maître des lieux et Emmett au bras en écharpe…
Déclinaison ou lecture alternative du film de Matt Reeves, Cloverfield, 10 Cloverfield Lane est avant tout un thriller psychologique basé sur un huis-clos. Un triangle de personnages amène forcément du déséquilibre, ajoutez à cela l’ambiance claustrophobe – on voit très peu de lumière de l’extérieur et peu d’informations nous viennent – et vous avez une tension haletante très bien installée. Pour ce qui est du rapport de force, Howard face à Michelle et Emmett, le premier tiers du film se montre ambivalent: qui est vraiment Howard joué par John Goodman? Est-il si bienveillant qu’il le prétend? Car il n’inspire jamais la sécurité, encore moins la cordialité ou la sympathie. Pour la suite, un peu de baisse de tension (ça peut être cool la vie à trois, avec un jukebox et des jeux de société) puis regain dans le dernier tiers… Car si on n’est sûr que quelque chose s’est passé à l’extérieur, y-a-t-il eu un événement antérieur dans le bunker?
De plus, 10 Cloverfield Lane semble avoir un point commun avec Prisoners de Denis Villeneuve : une réflexion actuelle sur les survivalistes. En effet, le personnage de Keller Dover, joué par Hugh Jackman dans le film de Villeneuve, est un homme gardant en grande quantité des denrées alimentaires dans son sous-sol fortifié, en plus de munitions d’armes à feu et autres outils ou matériel de première nécessité, cela serait peut-être dû à la pratique de sa foi religieuse. Et ce sera ce personnage qui croira de bonne intention qu’il peut séquestrer un homme (avec quelques mises en place matériel et logistique) pour obtenir vérité, un de ses moyens d’enquête pour retrouver sa fille disparue. Souvent américains, les survivalistes – profil apparu avec la guerre froide et la vente des abri anti-atomiques mais transformé depuis le 11 septembre 2001 – ne peuvent avoir raison ou gain de cause qu’en cas effectif de guerre globale ou fin du monde (Howard est un ancien marine). Sinon ils s’apparentent plus à des illuminés à la prophétie pessimiste ou auto-réalisatrice (cela rappelle cette fois le personnage de Curtis LaForche joué par Michael Shannon dans Take Shelter) et au comportement négatif mettant mal à l’aise. En plus de ces caractéristiques – la chose la plus étonnante stockée est un bidon d’acide – le personnage d’Howard se montre dominateur et veut à tout prix de la reconnaissance, spécialement auprès de Michelle (sa crise de nerfs quand cette dernière se met à flirter avec Emmett).
Alors, le dernier tiers donne satisfaction au spectateur que je suis, dans la vérité sur Howard et sur la résolution de ce qui s’est vraiment passé (attaque terroriste, attaque russe, attaque iranienne, attaque nord-coréenne, attaque alien ?). Mais il demeure un problème de rythme tout au long du film malgré la fin ouverte…
Hamburger Pimp
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