Sorti en 2010, Scott Pilgrim est le premier film réalisé par Edgar Wright sans ses comparses Simon Pegg et Nick Frost. Surboosté et multi-référentiel (le film paye à la fois son tribut à la bande dessiné, aux jeux vidéo, à la musique rock, au cinéma et aux séries télé), le long métrage est un sommet du postmodernisme geek mais ne trouva malheureusement pas son public. Retour donc sur ce film culte en puissance via un plan remarquable à plus d’un titre…
Alors qu’il se trouve dans la maison où il répète avec son groupe les Sex Bob-Omb, Scott se lève pour aller aux toilettes. Tandis que la caméra l’accompagne dans les cabinets, une « Pee bar » (jauge de pisse !) vient s’afficher à l’écran. Comme il le fera à de multiples reprises tout au long du film, Edgar Wright invoque un visuel caractéristique du jeu vidéo, reprenant d’ailleurs ici, en fidèle adaptateur, une référence déjà présente dans la BD (voir ci-dessous). Cette jauge se retrouve aussi reflétée dans le miroir, comme si elle n’était pas seulement un ajout extra diégétique mais qu’elle excitait pleinement dans l’univers du film. Ainsi, les délires visuels mis en place dans Scott Pilgrim sont bel et bien une façon moderne et stylisée de raconter cette histoire et ne sauraient se limiter à une quelconque subjectivité de notre héros lunaire.
Après avoir fini son affaire (ou vider sa jauge si je peux me permettre), Scott quitte les cabinets, non sans s’être laver les mains bien sûr, mais, alors qu’il ouvre la porte, se retrouve dans un lieu tout autre : un couloir de lycée onirique où il retrouvera sa chère et (pas si) tendre Ramona. Si toutes les actions décrites jusqu’alors se déroulent dans le même plan, il est surtout bon de noter que ce passage d’un lieu à l’autre ne droit rien à la magie des images de synthèse mais qu’il s’agit bel et bien d’un effet physique à l’ancienne. Le décor des toilettes pouvait pivoter, permettant ainsi un changement de lieu dans la même prise. Va sans dire que ce cheminent fait bien entendu écho aux pensées de notre cher Scott, qui n’a décidément pas la tête à son groupe, trop obsédé qu’il est par Ramona.
Voilà donc un plan qui montre bien l’incroyable créativité d’Edgar Wright, capable de mettre en place ainsi dans un seul plan deux effets de mise en scène sans qu’ils ne se parasitent ou n’apparaissent lourds ou gratuits (comme cela peut être le cas chez un Guy Ritchie par exemple). Le cinéaste n’hésite pas à recourir à tous les moyens (répliques, décors, costumes, effets spéciaux numériques ou traditionnels, montage, mixage…) afin d’offrir à ses spectateurs le film le plus généreux possible et, force est de constater qu’avec Scott Pilgrim (comme pour ses autres films d’ailleurs), l’objectif est pleinement atteint !
HollyShit
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