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Omoide no Marnie
D’Hiromasa Yonebayashi
Avec les voix de Sara Takatsuki, Nanako Matsushima, Susumu Terajima
Japon – 2014 – 1h43
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Anna, jeune fille aux allures de garçon manqué vivant à Sapporo, est solitaire et insociable ( pour ne pas dire invivable). Et comme cela ne suffisait pas, elle souffre énormément d’asthme. Adoptée avant ses cinq ans, elle n’a plus vraiment de souvenirs de sa famille originelle, sa tutrice l’envoie en province reculée, chez un oncle et une tante chaleureux, afin qu’elle prenne l’air frais naturel. À son arrivée, la jeune fille est intriguée par une vieille villa au bord d’un marais…
Le studio Ghibli, orphelin de « papa Miyazaki », essaie de continuer ce qu’il fait de mieux : le conte d’apprentissage et d’initiation. D’ailleurs le réalisateur avait déjà le même postulat dans son premier anime (Arrietty le petit monde des chapardeurs où un jeune garçon malade venait se mettre au vert dans un petit bourg de province). Et le discours de ce conte porte sur l’ouverture aux autres, l’acceptation de soi-même ainsi que la confiance en soi. Pour cela, rien de mieux que recourir au merveilleux (le conte de fée, la fantasy), Anna semble d’ailleurs plus à l’aise avec les fantômes et les esprits qu’avec les vivants, une vraie névrosée précoce. D’où l’intelligence scénaristique d’inclure la passion artistique qui l’apaise, le dessin, évacuant son mal-être. Ajoutons la dramaturgie de la nature : la forêt, le bord de mer et le silo abandonné sont des motifs récurrents de ce genre d’œuvre, à la fois pour souligner le caractère féerique de l’histoire et les tourments sentimentaux des personnages, mais aussi le mode de vie « plus naturel, plus bio » des personnes côtoyant Anna.
Evoquons maintenant l’animation qui est détaillée et précise, notamment par le traitement de l’eau et de la météo. D’un travail pictural minutieux, de plus les long-métrages du studio Ghibli mettent toujours en scène un personnage peintre, les couleurs majoritairement chaudes (rouge, jaune et vert) sont excellemment agencées et vives, portées par une lumière juste, des scènes de nuit comme des scènes de jour. L’expression des visages est surtout à remarquer pour les deux héroïnes, au point de beaucoup marquer leurs larmes. Si un motif de brouillard est très bien pour suggérer la frontière entre rêve et réalité, Hiromasa Yonebayashi utilise bien plus d’artifices. En effet, au-delà du procédé elliptique récurrent d’Anna se réveillant à chaque fois dans son lit après avoir été avec Marnie on remarque le recours au flou ou le pointillisme de peinture, voire le travail sur la météo dans la dernière partie du film… Où il est question d’enquête…
Long-métrage d’animation argumentant en faveur de la théorie des genres pas loin du film français Tomboy de Céline Sciamma – rappelons le côté garçon manqué d’Anna et l’ambiguïté sentimentale se créant entre elle et Marnie – et de la famille recomposée – rappelons qu’Anna est adoptée et qu’elle est en conflit avec sa mère adoptive – Souvenirs de Marnie est un conte actuel en plus d’une certaine originalité. Il y a malgré tout quelques longueurs.
Hamburger Pimp
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