Flamboyant chef d’oeuvre de Brian De Palma, Phantom of the Paradise combine deux mythes, celui de Faust et du Fantôme de l’Opéra et les transpose dans le psychédélisme glam des early 70’s. Mais au delà de son statut de film culte, le film dresse une critique virulente de l’industrialisation de l’Art, la Musique dans le cas présent, privant l’artiste de sa liberté de créer et dénaturant l’oeuvre de son essence. Une scène illustre littéralement ce postulat: l’accident de la presse à disque. Emprisonné à tord à cause de Swan et tout juste échappé de prison, Winslow commet un attentat dans les locaux de Death Records, plus précisément dans l’usine de pressage des disques. Mais l’attentat tourne mal et le pauvre Winslow se retrouve la tête dans une machine à presse. Défiguré, il fuit alors vers le Paradise, dans les coulisses duquel il établira sa vengeance.
Le film se construit sur l’opposition du compositeur / artiste façonnant son oeuvre et du producteur /revendeur qui cherche à formater, adapter pour connaître succès et richesse. La métaphore qui résulte de cette scène demeure un choc visuel, version horrifique du gag de Chaplin dans les Temps Modernes, le visage du pauvre bougre fondant littéralement, comme le vinyle: la machine, la reproduction à outrance (in extenso le producteur) broie l’artiste, le presse comme un citron pour le vider de son essence même, son Art, qu’il reproduira en série avant d’en inonder le monde.
Chef d’oeuvre qui n’est plus à présenter, Phantom, bien qu’il demeure ancré dans une esthétique 70’s, est doté d’un discours conservant une résonance vivace même 40 ans après, touchant à cette universalité et à cette intemporalité qui façonnent les mythes.
Lullaby Firefly
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