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The Voices
De Marjane Satrapi
Avec Ryan Reynolds, Gemma Arterton et Anna Kendrick
États-Unis/Allemagne – 2014 – 1h47
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Je me rappelle d’un sketch des Nuls qui imaginait Psychose 5 avec Philippe Dana qui, d’une voix-off angoissante, disait un truc du style : « Cette fois, Norman Bates est complètement guéri et il tient… une é-pi-ce-rie ! ». Dans The Voices, Norman Bates s’appelle Jerry Hickfang et il bosse dans une fabrique de sanitaires en tant qu’employé de manutention. Bien qu’il soit un brave gars super sympa et mignon, Jerry a bien du mal à se construire une vie sociale. Pour combler sa solitude, il a arrêté de prendre ses médicaments, ce qui lui permet de retrouver ses seuls vrais amis : son chat M. Moustache, dont la vision de la vie est particulièrement cynique, son chien Bosco, toujours là pour lui donner les bons conseils, une tête humaine qui voudrait bien avoir une copine comme elle (c’est ennuyeux l’intérieur d’un frigo)…
S’inscrivant dans la comédie fantastique mainstream à la Odd Thomas, The Voices vient marquer une curieuse collaboration, celle de l’auteure de Persepolis avec celui de… Paranormal Activity 2. Premier film américain, et de genre de surcroit, pour Marjane Satrapi, venue cachetonner sur un projet totalement impersonnel (pourquoi pas Riad Sattouf sur un remake de Escape from New York !), The Voices vient, contre toute attente, tordre le cou aux préjugés, se révélant rapidement comme une comédie très drôle, doublée d’un drame d’une noirceur abyssale.
Soufflant le chaud et le froid par le comique induit par ces animaux domestiques qui parlent à leur maître, venant masquer en contrepoint la profonde détresse de son anti-héros, The Voices est un film d’horreur particulièrement sensible, rentrant dans la tête du tueur avec la plus grande compassion. Comme Jerry l’explique à une de ses victimes, même Lucifer en personne était l’origine un ange…
Si le scénario de Michael R. Perry brille davantage pour ses personnages et ses dialogues que sa prévisible intrigue, la mise en scène très inspirée de Satrapi (plus cinématographique qu’un Stephen Sommers) vient magnifier ses personnages, rendus tous attachants. De la « bombe atomique » Gemma Arterton (pour reprendre les propos de Fabrice Luchini qui essaie de la serrer dans Gemma Bovery) au bovin Ryan Reynolds qui n’a jamais été aussi émouvant, le casting vient porter ce petit monde tranquille lézardé d’une violence que l’on refuse de voir. Intelligemment emballé, The Voices est une excellente surprise fantastique de la part d’une réalisatrice que l’on n’aurait jamais imaginée dans un tel exercice.
The Vug
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