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The Rover
De David Michôd
Avec Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy et Susan Prior
Australie/États-Unis – 2014 – 1h42
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Un coin paumé d’Australie où les hommes s’entre-tuent pour survivre. Eric, un type qu’il ne vaut mieux pas énerver, se fait voler sa voiture par une bande de fuyards armés. Dans leur cavale, ces derniers ont lâchement abandonné Rey, un brave gars un peu débile (Robert Pattinson) rapidement capturé par Eric qui, quant à lui, est bien décidé à se venger à mort et récupérer son bien.
« Dix ans après la Chute »… Dès le carton inaugural, le nouveau film de David Michôd (Animal Kingdom) place son intrigue westernienne dans un contexte post-apocalyptique. Ou presque… Dix ans après la Chute de quoi ? Du système économique, indubitablement, comme l’on peut le constater dans ces décors résiduels de civilisation désertée bien qu’une apocalypse monétaire ne serait en soi qu’une longue agonie de la civilisation moderne. Avec toujours de l’essence, de l’électricité, de l’eau, de la nourriture… « J’ai appris à survivre sans argent » déclare le seul personnage civilisé de l’histoire (une femme médecin interprétée par Susan Prior), préférant ne rien avoir pour ne pas être pillé. Au-delà de la fin d’un monde (qui n’est pas la fin DU monde), c’est donc davantage sur la barbarie générée par la désintégration du lien social que s’attarde The Rover.
Dix ans après la Chute d’Eric également, un type en apparence normale qui va révéler, au fil de son sanglant périple, les noirceurs abyssales de son âme, contaminée par les valeurs d’une société vouée à la propriété privée alors même que cette société n’a plus les moyens d’assurer la légitimité de cette « valeur ». On en vient donc à tuer pour un rien, rendu fou par des « principes » aussi ridicules que ceux qui motivent le tueur de No Country for Old Men auquel on serait bien tenté de rapprocher le film. Et, par bien des points, The Rover prend les airs d’un Mad Max qui aurait été écrit par Cormac McCarthy.
Lancinant et violent, The Rover bénéficie d’une mise en scène sans fard et de solides acteurs pour soutenir un scénario qui se déroule bien plus par le dévoilement des personnalités que par son intrigue sommaire de road-movie violent. Un pied dans la rationalité, un autre dans le délire complet, le personnage de Guy Pearce apparait comme le négatif de celui qu’il pouvait interpréter dans La Route, prenant cette fois-ci sous son aile une âme presque pure (Pattinson) pour la faire délibérément sombrer dans la violence. C’est noir, c’est brut, c’est beau et c’est puissant.
The Vug
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