Ugly
d’Anurag Kashyap
Avec Ronit Roy, Tejaswini Kolhapure, Vineet Kumar Singh et Vipin Sharma
Inde – 2013 – 2h08
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Le cinéma indien, ce n’est pas que Bollywood. Anurag Kashyap en est la preuve, son nouveau film Ugly traversant de nouveau le globe pour nous arriver, comme son précédent diptyque Gang of Wasseypur. Loin de vouloir vendre une Inde fantasmée, les films d’Anurag Kashyap se placent dans la mouvance des thrillers asiatiques, réalistes, froids et implacables. Le film suit la recherche effrénée que mène parallèlement un père, acteur au chômage et le mari de son ex-femme, inspecteur aussi respecté qu’il n’est craint, de sa gamine, Kali.
Dès l’ouverture du film, le ton est donné par une musique assourdissante, les sons stridents d’une voix hurlante et d’une distorsion de guitare saturées. Une bande son qui retrouvera des résonances tout au long du film, accompagnant montée de suspense et déferlante de violence. Là encore, il faut distinguer violence formelle montrée à l’écran de la violence insidieuse sous entendue à chaque instant de cette histoire tragique, annoncée comme inspirée de faits réels par un carton d’ouverture. Une histoire que l’on dirait tristement banale, où Anurag Kashyap condamne peut être bien plus la négligence parentale que le ravisseur en lui même. C’est en ce traitement là que le film se démarque du traitement habituel du sujet.
Car Ugly est avant tout un film sur la corruption, de ceux que le besoin de changer de vie, de prendre un nouveau départ pousse à céder à la facilité du gain malhonnête, de ceux qui usent de leur uniforme pour exercer une autorité abusive. Anurag Kashyap dénonce ainsi la lenteur de la police à agir, le manque de compétence de ses agents (la première scène d’interrogatoire de Rahul), la violence aveugle de leurs méthodes, leur incapacité à mener à bien une enquête. Ni les gendarmes, ni les voleurs ne sont des modèles pour Anurag Kashyap. Leur soif respective de pouvoir et d’argent les mènera à une résolution bien funeste, où la punition de chacun sera de vivre avec sa culpabilité et le rôle qu’il a joué dans le drame.
D’une noirceur impressionnante, Ugly marque à la fois par son traitement réaliste, sans concession, voulant imager à travers ce fait divers, les maux qui gangrène son pays, voir son continent.
Lullaby Firefly
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