Shichinin no samurai
D’Akira Kurosawa
Avec Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Keiko Tsushima
Japon – 1954 – 3h26
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Dans le Japon du seizième siècle, les guerres féodales, entre clans et seigneurs, font rage. Au point que les villages, composés de paysans pauvres sont victimes de bandes armées. D’ailleurs un village d’agriculteurs est bientôt la cible d’une de ces bandes armées qui attend la récolte des moissons pour pouvoir les piller. Le chef de la communauté décide alors d’envoyer des hommes recruter des samouraïs…
La figure du samouraï est sûrement la figure du guerrier la complexe et la plus belle. En effet, dévoué à un seigneur, ce dernier a droit de vie et de mort sur lui, ceci est la dure loyauté. Sans maître il devient rônin, un homme errant et offrant ses services au plus offrant, tout en voulant rester digne, dans la misère ou dans la douleur. De là il y a cette impression qu’en vie, le samouraï ne peut trouver sa paix intérieure seulement dans sa conscience de sa mort prochaine en tant qu’être humain, après la vie il aura véritablement la paix. Pourtant cette vie instable sera parcourue, comme le montre le film, d’honneur de bravoure et de courage. Sinon ce sont des simples compliments qui font sourire… Dans cette fresque imaginée par un des cinq plus grands réalisateurs de tous les temps (avec Alfred Hitchcock, Ingmar Bergman, Jean Renoir et Stanley Kubrick), il y est question de lutte des classes. En effet, si les samouraïs, au lieu de défendre les seigneurs et les politiciens, défendaient la veuve et l’orphelin ? Les plus faibles ? Cela amène à la question de la justice humaine et universelle. Bien que les paysans apparaissent craintifs, bêtes, ignares, plaintifs, pleureurs et même superstitieux – car l’un va jusqu’à couper les cheveux de sa fille et l’habiller en garçon pour éviter de séduire ou d’être séduite par un samouraï, il y a une conscience agricole qui mérite d’être défendu (de nombreuses séquences de travail au champ ou dans les rizières).
La mise en scène offre une poésie de dramaturgie de la nature. En plus du combat humain, ce sont les éléments d’eau (pluie ou rivière), de boue, de vent, de flore, de feu ou de fumée qui se manifestent dans un ballet sur pellicule, symbole du tourment des hommes et de l’esprit humain. Akira Kurosawa y ajoute par petites touches des ralentis notamment dans les combats, pour signifier que le bushido (l’art de manier le sabre) est plus que deux lames qui s’entrechoquent (le cas des deux combats d’affilée au bâton puis au sabre). Et ce qui est plus étonnant, concerne la place laissée à l’humour, assuré par le grandissime et excellentissime Toshirô Mifune, acteur fétiche d’AK. Ses mimiques rappellent le théâtre japonais. On peut finir par noter le travail de stratégie militaire proposé par les samouraïs défendant les villageois, preuve qu’ils prennent leur mission à cœur et à plein régime de leur neurone et de leur savoir (les différents plans du village et l’organisation des attaques, le décompte des ennemis tués…). Mais cela n’empêche pas le ton grave de la fin du film, où la romance est suivie par la déception, l’euphorie suivie par le deuil ou la victoire suivie par la terrible conscience des samouraïs d’être des outils, que ce soient pour les seigneurs ou les paysans…
Nous connaissons tous la suite : son remake américain, les films du Loup au berceau réalisés par Kenji Misumi ou ceux réalisés par Hideo Gosha, Kihachi Okamoto ou Masaki Kobayashi et dernièrement 13 assassins de Takashi Miike. Et toutes ces œuvres ont Les 7 samouraïs en référence première et ultime.
Hamburger Pimp
le chef d’oeuvre ultime…la matrice de toutes les matrices, le film sans qui ni tarantino ni spielberg ou lucas ni aucun autre n’existerait…