Django Unchained
de Quentin Tarantino
avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo Di Caprio, Samuel L Jackson, Don Johnson
Etats-Unis – 2012 – 2h44
Rating:
Sally Menke est morte.
C’était la monteuse de Quentin Tarantino, et une collaboratrice très, très proche du réalisateur.
La raison pour laquelle j’en parle, c’est tout simplement parce que je me suis dit à un moment dans le film qu’il y avait quelques longueurs. Pas forcément le genre de longueur qu’on aime. Rien de détestable non plus, je vous rassure. Elles interviennent pour moi surtout dans le dernier tiers du film qui se délite avant de péter, réservant un Climax séparé en deux et entrecoupé d’une séquence que je ne juge pas inutile, mais qui n’a finalement pas grand chose à foutre là.
J’attaque le film au début pour mieux le défendre par la suite, car c’est pour moi un film qui mérite d’être défendu.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que Tarantino fait ce qu’il fait de mieux, être lui même, que l’on aime ou pas. Et lui même a pris récemment des proportions épiques depuis qu’il raconte la grande Histoire par la petite. En effet, suite à Inglorious Basterds, où il réécrivait la fin du nazisme, il s’attaque ici à ce qui touche plus directement son pays, l’esclavagisme. Et bien qu’il ne s’éloigne pas tant que ça de la réalité historique, le réalisateur/scénariste nous offre un personnage aussi improbable que jouissif.
Django, un esclave affranchi et transformé en chasseur de primes au côté d’un certain Docteur King Schultz campé par un Christopher Waltz jouant cette fois un personnage qui a du cœur, énormément de cœur, l’exact opposé du nazi qu’il a campé récemment, mais avec le même sens du bon mot.
Le personnage de Django donc est improbable pour une bonne et simple raison, dès que les autres personnages du film vont le voir, ils vont s’étonner non seulement de sa présence, mais de son existence même. « Un nègre qui monte à cheval !», s’exclament ils d’ailleurs à tour de rôle… Reprenant donc ainsi le thème de la vengeance qui lui est si cher, Tarantino offre aux jeunes et aux moins jeunes un western ayant comme protagoniste un noir, et pas n’importe lequel, un noir qui dès le début du film est libre et s’oppose aux injustices qu’il a pu subir..
Jusque là, les détracteurs de Tarantino ont encore de l’eau à apporter à leur moulin, traitant le film de fantasme vain d’un blanc qui se prend pour un noir. Fermons leur donc la gueule à cette bande d’enculés.
Parce qu’en parlant de cette histoire, de l’Histoire telle qu’il la voit, c’est de cinéma que nous parle mon pote Quentin, toujours, tout le temps, et du cinéma qu’il aime. C’est quelque chose qu’il fait plutôt bien ça d’ailleurs. Mais il ne fait pas qu’en parler, il l’analyse, il va au fond des choses et crée sa propre mythologie.
Ainsi, il donne ce plus à Django, le transformant en icône badass ultime, en en faisant l’ancêtre de Shaft, pas figurativement, mais réellement, par le nom Von Shaft de sa conjointe. J’aime d’ailleurs comme Tarantino montre une fois encore que le cinéma peut « sauver le monde ».
Improbable et jouissif donc.
D’autres références sont disséminées dans le film, que ce soit des plus évidentes au plus subtiles, mais ce qui fait plaisir aussi, c’est qu’il n’hésite pas cette fois à se citer lui même, à se mettre donc acteur de l’histoire du cinéma qu’il veut raconter. La séquence d’ouverture par exemple, par la manière de filmer Django et par les enjeux du personnage, on ne peut s’empêcher de repenser à Pam Grier parcourant le tapis roulant au début de Jackie Brown, subissant une autre forme d’esclavagisme, sous la botte de Samuel L. Jackson. Ce dernier d’ailleurs revient à un rôle mythique et différent de toutes les merdes dans lesquelles il a pu jouer dans les dernières années.
J’ai adoré aussi la référence à Brazil, je ne vous en dis pas plus histoire de ne pas gâcher votre plaisir.
Autre chose que j’apprécie dans le film, c’est la manière qu’à Tarantino de traiter la violence, tantôt verbale, tantôt fourbe et souvent explosive, sanglante, violente. Le film est étonnant à ce niveau, et j’ai été gâté au niveau de la baston de flingue à tout va et du sang qui gicle de partout. Le réalisateur met toute son inventivité au service de sa mise en scène et marche sur les pas d’un de ses maîtres, Sam Peckinpah, offrant à cette violence une esthétique et une beauté rarement vue au cinéma.
Le film m’a touché, vraiment, et je ne veux pas trop en dire de peur de vous gâcher le spectacle. Sachez juste qu’il est long, et que souvent, il prend son temps, mais que j’espère qu’il saura vous émouvoir, vous toucher, vous emporter comme il me l’a fait.
J’espère tout ça oui, et qu’à la fin, comme moi, vous gueulerez dans l’oreille de votre nana au rythme de la chanson « DJANGOOOOOOO » en la pointant avec des flingues faits du majeur et de l’index de chaque main. Que vous aurez envie de « jouer à Django » avec les copains, parce que les méchants qu’il tue sont vraiment méchants, et surtout que comme moi, vous aurez envie de découvrir ou redécouvrir les films auquel Tarantino fait hommage ici à la lueur de ce film somme qui s’inscrit en amorce à ce qui a été fait.
Skreemer
Bonsoir!
Quelle est cette référence a Brazil? parce que je ne vois pas vraiment
Bonsoir, bonsoir!
La référence est toute petite, c’est le nom de l’avocat fictif de Waltz qui est TUTTLE.
Bonne nuit!
Gloire à toi Dieu Tartino !
La messe est dite, les bouffeurs de popcorn.
Je ne vais pas parler ici des qualités indéniables de réalisation de maître Tarantino, ni des nombreuses références stylistiques disséminées tout au long du film. Quentin aborde de façon brillante le thème de l’esclavage des noirs et plus précisément leurs conditions de vie. On pourrait résumer le scénario à celle d’un homme qui affronte tous les dangers afin de sauver l’amour de sa vie. Django aurait pu s’appeler Siegfried, le légendaire chevalier tant ils se ressemblent. Mais il n’a rien d’un héros, c’est les blancs qui l’ont fait de lui un esclave et c’est un homme blanc qui lui enlève ses chaînes. Ce blanc le Dr. King Schultz (Cristoph Waltz) dentiste ambulant qui va séparer la dent saine, Django (Jamie Foxx), des pourries. King chasseur de prime sorti de nulle part sollicite l’aide de ce nègre quelconque pour traquer d’infâmes outlaws moyennant une paye. Le docteur rebelle traite ce nègre en égale et devient son mentor. Complètement médusé par l’attitude fantasque de ce blanc, Django se transforme peu à peu en prenant son exemple. Déterminer à sauver sa bien-aimée Django emprunte la voie de la vengeance contre ses anciens tortionnaires blancs. Voulant éviter la mort certaine de son élève dans sa quête, Schultz soutient Django en étant son garde fou usant de sa ruse et de son talent d’orateur. C’est à ce moment là que ça devient intéressant, le réalisateur insiste à travers plusieurs séquences sur l’asservissement des noirs. Les esclaves sont montrés comme des choses surtout lors de l’apparition Calvin Candie (Leonardo DiCaprio) qui tient un club de lutte. Les lutteurs sont des noirs réduit en condition inférieur à des bêtes. Dans Candieland propriété de Calvin, les noirs portent des costumes à l’image de leurs maîtres. Stephen (Samuel L. Jackson) le chef doyen servant au fran parler ravage contraste fortement avec Django car il est fidèle et loyale envers ses maîtres. Contrairement à ce que l’on peut penser l’ennemi du film n’est pas le blanc esclavagiste mais le noir lui-même incarné par Stephen qui voit d’un mauvais Django premier homme noir à cheval côte à côte avec un homme blanc. C’est ainsi que naît la haine de Stephen contre Django. Je trouve cette image du noir contre le noir très criant de vérité car il est très moderne. C’est à dire que le noir essaye d’être à l’image du blanc en adoptant ses codes pour se faire accepter mais finalement se domestique dans le rôle que le blanc veut lui faire jouer. Stephen incarne le consentement de cette domestication.A l’opposé de Django est libre d’être ce qu’il souhaite et d’avoir sa propre identité. Quentin Tarantino aborde le sujet de la place du noir dans la société avec intelligence et un regard juste. Ainsi il démontre la discrimination du blanc envers le noir qui veut lui ressembler et plus encore il met en avant le mépris du noir envers sa propre race. Ce mépris s’exprime dans le fait que le noir éduqué est arrogant envers son frère l’illettré (Django représente cette arrogance) et haineux envers son frère plus instruit que lui au point de lui mettre des bâtons dans les roues. Finalement le noir n’est pas différent du blanc car il y a au sein de cette communauté les mêmes luttes de classes sociales. La morale du film est qu’il ne faut pas considérer l’homme blanc comme seul responsable de la situation de l’homme noir mais faire le constat de la gangrène chez le peuple noir qui l’empêche de s’élever. Ce film m’a beaucoup touché tant la narration est bien construite et par son regard sur un phénomène de société actuel.