Nino, une adolescence imaginaire de Nino Ferrer
De Thomas Bardinet
Avec David Prat, Lou de Lâage, Sarah Coulaud
France – 2011 – 1h15
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Agostino, dit Nino, est un adolescent comme les autres, il ne s’intéresse pas aux études et a donc des résultats moyens, qu’il excuse en prétextant que ses professeurs le saquent car il est italien. Mais, aussi, du haut de ses 16 ans, il aime dessiner et écrire des poèmes, ce qui tombe bien avec la rencontre de Natacha, qui lui fait oublier, éclipser son amie de toujours, Nathalie…
Si, je me répète, Serge Gainsbourg est l’artiste musical français de la seconde moitié du vingtième siècle, Nino Ferrer est quant à lui à la fois le crooner et le bluseman de la musique française. Avec Eddy Mitchell on a le trio magique et si vous voulez ajouter Michel Polnareff, cela peut donner le carré d’as de la musique française de la seconde moitié du vingtième siècle. revenons au film car il est fait par un véritable artisan, Thomas Bardinet. En effet il est le metteur en scène, le scénariste, le chef opérateur et le monteur du film. En partant d’un récit classique, un amour d’été conjugué à un triangle amoureux, l’auteur s’essaie à montrer l’éveil artistique du futur chanteur aujourd’hui disparu. La caméra DV à grain est en parfaite symbiose avec l’ ambiance de vacances d’été, ces vacances qui n’ont la même saveur que les autres. En effet ce sont ces vacances-là qui sont souvent, pour les plus jeunes, le moment de faire une mise au point, un compte-rendu de l’année passée. Tel le constat du corps qui change pour Nathalie et Nino, d’ailleurs dans ce combat des « Nat », la brune amie de toujours, est l’élément qui ramène Nino à la réalité, mais une réalité qui n’est et ne doit pas être totalement défini, car à cet âge on ne veut pas et on ne souhaite pas avoir la même vie que ses parents, on croie encore pouvoir changer la donne, on pense à l’avenir, avec l’amour comme seule valeur.
Quant à la blonde vénitienne Natacha, elle renvoie Nino au monde des rêves et de la poésie, elle aura droit à deux chansons quand Nathalie n’en a qu’une. En même temps elle est comédienne et sait déjà que c’est le métier qu’elle veut pratiquer, d’autant qu’elle est plus âgée que Nino, ce qui pousse ce dernier dans ses retranchements l’obligeant à prendre des risques relevant de son essence, de sa personnalité propre. Nathalie est alors marque de sécurité, voire d’insécurité pour Nino. De plus le réalisateur saupoudre son récit filmique d’effets Nouvelle Vague: dimension théâtrale, chanson chanté dans le film, ou effets d’ellipses ou d’ambivalence de la réalité…
Oh lala les histoires d’ado! C’est encore le garçon qui ne sait ce qu’il veut quand les filles sont claires dès le départ. Ce n’est certes pas le grand biopic qu’on attende d’un artiste de cette envergure, quand Cloclo à côté fait un succès monstre ce film-là, à petit budget, a eu très peu de sortie salles, mais on ne peut s’empêcher de penser à la démarche artistique de Todd Haynes. Repose en paix Nino.
Hamburger Pimp
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