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Dark Shadows
De Tim Burton
Avec Johnny Depp, Eva Green, Michelle Pfeiffer, Helena Bonham Carter, Jackie Earle Haley, Jonny Lee Miller, Bella Heathcote, Chloë Grace Moretz, Christopher Lee et Alice Cooper
Etats-Unis – 2012 – 1h53
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Déterré par erreur par des ouvriers malchanceux, le vampire Barnabas Collins retrouve son château familial deux siècles après avoir été maudit par la sorcière Angélique. Sur place, il découvre une descendance complètement ruinée ainsi que le reflet de son amour perdu à travers les traits d’une jeune gouvernante. Décidé à redorer le blason de sa famille, Barnabas va devoir lutter face aux coups tordus d’Angélique, elle aussi immortelle, qui règne en maîtresse impitoyable sur la ville.
Tout le monde connaît La Famille Addams, ce feuilleton macabre adapté au cinéma avec un certain brio par Barry Sonnenfeld. Il en est tout autrement de Dark Shadows, soap opera fantastique de plus de 1 200 épisodes répartis entre 1966 et 1971, devenu depuis culte de l’autre côté de l’Atlantique, davantage pour ses aspects kitchs que pour sa piètre qualité. Si Tim Burton n’avait pu mettre en image en son temps les aventures de toute la clique Addams (sujet pour lequel il était pourtant tout désigné) en raison du tournage de Batman, le défi, il semble vouloir se rattraper vingt ans plus tard avec la série de Dan Curtis. Il aurait mieux fait de s’abstenir.
Soyons clairs. Tim Burton n’a rien perdu de sa maîtrise esthétique du gothique grand public, synthétisant comme nul autre un siècle de cinéma fantastique allant de l’Expressionisme allemand à la Hammer, en passant par les films de monstres d’Universal. Mais toute la virtuosité du monde ne sert à rien si l’on n’a pas grand chose à raconter. C’est le cas de Dark Shadows, pourtant scénarisé par Seth Grahame-Smith, auteur du roman Abraham Lincoln, chasseur de vampires et du scénario qu’il en a tiré pour le prochain film de Timur Bekmambetov. Jouant sur le choc des cultures entre un vampire du XVIIIe Siècle et la culture pop du début des seventies, l’histoire ne fait qu’enfiler les clichés les uns derrière les autres avec une absence d’âme et surtout d’humour, ce qui est toujours catastrophique pour un film se voulant comique. Mais le pire, c’est qu’il ne se passe strictement rien d’intéressant dans Dark Shadows, annihilant toute dimension tragique à la romance à sens unique d’Angélique pour Barnabas qui constitue l’arc principal de l’intrigue. Contraint d’englober les personnages emblématiques de la série télé, le scénario ne parvient à en faire exister aucun – à part son héros vampire, interprété par un Johnny Depp qui n’en finit plus d’en faire des caisses – et on est donc rapidement embarrassé de voir un casting aussi prestigieux s’agiter devant la caméra pour pas grand-chose. Même le grand Alice Cooper effectue son numéro musical sans passion.
On sait que Tim Burton s’est constitué une horde de fans acquis corps et âmes à son univers certes original. Mais depuis Mars Attacks!, il faudra bien finir par admettre que son cinéma s’attiédit de films en films ou, histoire d’être plus violent, voir ses deux chefs-d’œuvre que constituent Edward aux mains d’argent et Ed Wood comme deux accidents dans une filmographie loin d’être aussi géniale qu’on le prétend.
The Vug
Tristement, la plupart des « fans » de Burton ne connaissent pas ses films, il m’est arrivé de râler suite à ma déception face aux derniers films en date et de me voir rétorquer que « non, moi j’ai bien aimé, comme Charlie à la chocolaterie, Alice etc … ». Du coup, je me tais et part à rêver, pour une fois, c’était vraiment mieux avant!
Bien qu’étant d’accord en grande partie sur la qualité du film en question, je vous trouve un tantinet dur avec la filmographie du Sieur Burton!!!
J’ai principalement en tête Sleepy Hollow qui m’a laissé un excellent souvenir avec un Johnny Depp au meilleur de sa forme et une Christina Ricci envoûtante, n’est-il pas?
Pour ma part, « Sleepy Hollow » ne m’a laissé un souvenir impérissable (je retiens surtout son esthétisme) même si plusieurs rédacteurs de Celluloïdz ne partagent pas du tout mon avis sur ce point. Dans ma conclusion, je ne dis qu’il faille jeter toute la filmographie de Burton, il reste effectivement dans une moyenne assez bonne (« Batman Returns », « L’Etrange Noël de M. Jack » même s’il a été réalisé par un autre, « Sleepy Hollow » donc). Mais, je considère que l’âge d’or de Burton se situe entre 1990 et 1996, et que depuis, il capitalise sur sa renommée sans chercher vraiment à se renouveler, et que la tendance ne va qu’en empirant.
Je suis peut être dur, effectivement, mais « Dark Shadows » m’a vraiment agacé en cristallisant de manière éhontée ce que je reprochai en sourdine à Burton depuis longtemps. Accepter de mettre en scène un scénario aussi bâclé, aussi peu fourni, en ne comptant que sur des images, au demeurant magnifiques, et sur l’aura culte de son acteur principal (sûrement charismatique mais à la gamme de jeu très limitée), relève à mes yeux d’une fainéantise avérée, presque revendiquée. Ça coûte cher de faire un film, ça coûte également cher de payer sa place pour en voir un. J’aimerai que Tim Burton et Johnny Depp sortent de leur zone de confort et qu’ils se hissent à la hauteur à laquelle leurs fans les ont placés il y a bientôt vingt ans.
Dès la bande-annonce, ça sentait le foin cette histoire.
oui, pour moi Sleepy hollow, c’est le dernier « bon » Burton, après c’est parti un peu en cacahuète
Plutôt bien aimé de mon côté. Même s’il y a des problèmes plus qu’évident de script et de vraies erreurs de narration sur la fin, on a au moins droit à un joyeux bordel avec une ambiance (un peu) à la « beetlejuice » qu’il fait bon de retrouver après les daubes astrales qu’étaient Alice aux pays des merveilles ou Charlie et la chocolaterie. Et puis, les dialogues sont vraiment bons pour le coup. Par contre, sur la filmographie récente de sieur Burton, au milieu des trucs immondes précitées, on trouve quand même la perle noire qu’est Sweeney Todd, drame jusqu’au-boutiste bizarrement et injustement délaissé par les fans comme les spectateurs « lambda » (et bien meilleur qu’un Sleepy Hollow à mon sens).
J’ai d’ailleurs fait une petite critique de Drak Shadows sous forme de bande dessinée parodique (reprenant l’un des comics tiré de la série TV) et mettant en scène un Tim en pleine introspection sur sa carrière. Donnez-moi votre avis 🙂
http://kick-assmovies.blogspot.fr/2012/05/dark-shadows.html
J’avais déjà bien aimé ton traitement critique-BD sur « Avengers ». Toujours aussi drôle. Tu tiens une très bonne idée. 🙂