Psycho Beach Party
De Robert Lee King
Avec Lauren Ambrose, Thomas Gibson, Nicholas Brendon, Amy Adams
Etats-Unis – 1999 – 1h35
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Eté 1962, les drive-in fleurissent à Malibu où les jeunes se roulent des pelles plutôt que regarder des films. Et ceux qui le regardent, ce sont les parias, tel Florence Forest, nana mal dans sa peau traînant toujours avec son unique copine. Elle décide alors de changer ses habitudes et essaie de se mettre au surf avec la bande du coin la plus cool, dirigé par le grand Kanaka. Mais il me semble qu’un tueur rôde dans la région et ne choisissant pas ses victimes au hasard.
Film de série b ou film de cinéma bis, Psycho Beach Party, réalisé en 1999, surfe (eh oui c’est le cas) sur le revival du slasher movie, engendré par Scream, dont le premier opus est réalisé en 1996. À la différence que son histoire se place dans une Amérique à l’aube du changement, les années 60 où le surf rock, les Beach Boys en ligne de mire, connaît ses heures de gloire. C’est d’abord un sentiment de vacances qui se dégage du film, voire même un sentiment de film solaire… De Californie. La chaleur joue sur la libido des personnages, hétéro ou homo, fantasmé ou maso, par conséquent il est suggéré une certaine transgression ressemblant à celle de l’époque : les surfeurs sont cools mais à part faire du surf et la fête que font-ils ? Mais la vraie transgression est le protagoniste principal, une fille pas cool du tout voulant apprendre le surf, magnifiquement interprétée par Lauren Ambrose (Claire Fisher de 6 feet under), mais aussi une transgression psychique avec son attitude schizophrène. Sa seconde personnalité, Ann Bowman est une femme forte, une femme fatale et dominatrice, ce qui assure beaucoup de ressorts comiques face à des personnages stéréotypés mais bien incarnés comme la mère de Florence, la capitaine de police jouée par un homme ou une fille en fauteuil roulant.
Néanmoins, le film est aussi un thriller, avec une enquête, un tueur s’attaquant aux « anormalités » des gens tel le psychopathe du film Seven. Si aucun meurtre n’est montré à l’écran, il y a un travail assez important des accessoires et du maquillage. De plus on met en avant les premiers cas de tueur en série ou tueries de masse, (ce genre de criminel apparaît à cette époque et Charles Manson fait son horrible massacre à la fin des années 60) en mettant dans le récit une histoire de ce genre. De même qu’une séance de spiritisme est réalisée. Et de ce qui est des formes filmiques, elles reprennent les codes d’époque : surimpressions, décor de fond, bulles d’image ou fondu enchaîné de série télévisé (en accordéon, en retournement d’images…). Ce sont des formes qui contrastent avec le contexte slasher movie, donnant une ambiance second degré jamais lourde, que ce soit la rencontre d’une star de série B (mise en abyme) ou un battle de danse à l’ancienne. Et la fin surprise constitue une charge sociale de l’époque, notamment comment sont vues les gens atteints de maladie mentale.
En clair, ce film nous rappelle qu’il est important d’avoir des valeurs, mais qu’elles ne sont pas tout car elles ne peuvent définir entièrement les hommes, puisque la normalité n’existe pas vraiment. La normalité est plutôt un compromis social qui peut se paraître lourd dans certains cas. Alors on fait comme les surfeurs, on anticipe la vague pour mieux la prendre et « kiffer » le rouleau, ainsi on est prêt au changement un trésor caché des 90’s. I can go/with the flow…
Hamburger Pimp