The Hunger Games
De Gary Ross
Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth
Etats-Unis – 2012 – 2h22
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Dans un futur proche, un pays semble avoir été ravagé par une guerre civile, sûrement dû à un soulèvement populaire. Désormais, la guerre passée, chaque district de cette république, 12 au total, se doivent de donner un tribut au Capitole : un jeune garçon et une jeune fille âgés entre 12 et 18 ans, pour les jeux annuels des Hunger Games. Ces jeux consistent à faire s’entretuer ces adolescents jusqu’à un seul vainqueur, en les laissant dans un terrain délimité, ici ce sera une forêt, avec des armes et des vivres. Et tout ceci est filmé, ce sont des jeux.
Cela ressemble à Battle Royale ? Tout comme le film réalisé par feu Kinji Fukasaku, ce film est une adaptation d’un roman qui constitue une saga de trois livres. On adapte ici le premier. Mais la différence primordiale est que l’on s’attarde beaucoup sur l’avant-jeu, le film dure presque 2h30. Après Winter’ s Bone qui lui avait valu une nomination de meilleure actrice l’année dernière, Jennifer Lawrence rejoue les sœurs courage, à l’intérieur du jeu comme à l’extérieur. Elle incarne à nouveau cette fille différente des autres (elle avait aussi interprétée Mystique dans X-Men le commencement), dont on perçoit un grand potentiel et partage un souvenir particulier avec son compère de jeu, revenant souvent en image sans son avec des cuts rapides pour ne pas dire clairement du cut-up continu. Son personnage, Katniss, vient du douzième district, qui au même titre que le district 11, abrite les classes prolétaires et les minorités, on va à la mine et les deux représentants du onzième district sont noirs. Ce qui est un contraste avec les deux premiers districts, lieu des classes bourgeoises et aisées où on fait entraîner très tôt les enfants pour le jeu. Mais on ne verra pas ces deux districts car on voit directement la capitale du pays. Des voitures et un train volants alors que Katniss et son compère Peeta viennent d’un endroit où on ne se déplace qu’à pied, leurs habitations sont vétustes, ils logent avant le jeu dans un penthouse et surtout ils portent des vêtements datant des années 50 quant les gens de la capitale on des costumes flashy empreints de styliste de mode, les cheveux de toutes les couleurs et une mention spéciale à Elizabeth Banks, grimée et méconnaissable en Lady Gaga, aussi stupide que l’originale. Quant à Woody Harrelson, avec des cheveux il n’est pas ridicule et semble désormais avoir choisi une carrière d’acteur de film de geek (Zombieland, Bunraku). De plus l’avant-jeu est aussi un entraînement très dur, symbolisme de l’école, où naissent des rivalités, on se fait des plaisanteries ou on bombe le torse. Mais on retiendra surtout de l’avant-jeu, la parade des participants sur un char tiré par un cheval.
Car il y a quelque chose du cirque romain de l’Antiquité, une carte a remplacé l’arène, mais cela reste le même type de spectacle, dont le réalisateur en fait une critique. En effet le film s’établit comme une critique de la société du spectacle, que sont devenues les sociétés occidentales et aussi d’Amérique latine. La célébrité est à la fois la nouvelle ambition à la mode, mais aussi le nouveau moteur de maladie mentale (le suicide récent d’un participant de Secret story). Et les jeux d’Hunger Games se rapprochent surtout de la téléréalité, ultime étape télévisuelle, marque de voyeurisme. D’ailleurs on pousse les candidats à avoir des sponsors et on leur organise un talk-show télévisé (excellent Stanley Tucci). Et même comme dans notre réalité, le jeu semble truqué, preuve la spectaculaire scène d’incendie de forêt créé par les organisateurs pour la faire rencontrer d’autres adversaires, l’installation d’abeilles génétiquement modifiées (une belle séquence d’hallucination) et même une invention d’amour naissant. Ce film se propose aussi comme un film d’aventures d’adolescents, mais il est loin le temps des Goonies et autres Stand By Me À côté la violence des combats est une sobriété feinte, les rendant encore plus grave, notamment la scène du début de jeu près de la corne d’abondance en plans rapprochés, flous sans être flous mal cadrés intentionnellement (il en sera ainsi dans la plupart des affrontements) car on ne voit pas grand-chose. Mais on en comprend le tourment de violence et sa critique fait par le réalisateur, surtout que ce sont des enfants. En est ma séquence préférée et la plus émouvante, la mort de Rue où Katniss avec son tempérament d’adolescente, la berce d’une chanson dans sa mort afin qu’elle soit douce, on installe le même point de vue de la mourante avec l’image se brouillant, lui organise des funérailles à l’arraché aves des fleurs autour d’elles et dans sa main. D’ensuite s’installe un champ contre-champ : Katniss saluant les habitants du district 11 qui la saluent en retour avant de se rebeller contre les forces de l’ordre. C’est tout le discours du film en une séquence : Des enfants s’entretuent au nom du pouvoir en place, cela peut forcément causer l’insurrection civile (peut-être que Jean-Luc Mélenchon devrait voir le film).
Plus ludique que Battle Royale, mais moins politique et moins gore, Hunger Games pourrait être la parade anti-Twilight de la jeunesse occidentale, surtout que les personnages, même les seconds rôles (on pense à Lenny Kravitz), sont nettement plus consistants. Et le chef d’Etat joué par Donald Sutherland a compris, de l’espoir naît la révolte, suite au prochain film si il y en a d’autres…
Hamburger Pimp
Avis à la population, ne croyez pas en la propagande de Pimp, ce film est mauvais, très mauvais. ? L’article mentionne Battle Royale, et si B.R. était AC/DC, The Hunger Games serait Kyo au mieux.
Parlons donc un peu de Battle Royale. Le curseur qui contrôle l’opposition entre les adultes et les adolescents est poussé au maximum. Les peurs fantasmées par notre société deviennent une réalité, caricatures brutales qui dénoncent l’absurdité des ressentis, idées, visons de notre monde (enfin surtout celui du Japon) conduisant le lecteur/spectateur à modérer sa vision des autres et de lui-même, et, à le responsabiliser. Le reste n’étant que pirouettes narratives pour mettre en avant des émotions (livre/manga) et prétexte pour une violence orgasmique. Le tout respectant le format manga (même si l’origine un livre), à savoir une base solide et un déferlement de n’importe quoi. Dead or alive au cinéma et une montagne de manga correspondent à cette construction.
Les autres influences d’Hunger Games, Running man (livre), Le prix du danger et toute une trop grande liste de sources sur la traque et les arènes. Mais la ou les deux précités représentent une dérive d’un outil moderne sociétal, Hunger Games fait de la dérive un vide.
Hunger Games donc :
Il faut rappeler que le film se veut Post-apo. Une vision du Post-apo ou l’apocalypse fait partie de l’histoire des protagonistes, l’organisation sociale est solidement ancrée, et la technologie élevé (sauf pour quelques districts/tributs/quartiers). Il semblerait que pour circuler dans ce monde, suivant l’éloignement de la capitale, vous passez de la calèche au TGV. Sauf qu’il est clairement dit/montré que la capitale (et sans doute les premiers districts) vivent de l’exploitation des derniers districts, des pauvres donc. Comment les ressources sont elles transportées, et comment sont optimisé les systèmes de production, tant ce que nous renvoie l’image de ces districts nous rappellent la fin du XIXème siècle et les besoins de la capitale celui d’une mégapole moderne. Ce doit être la, le « post-apo à géographie variable ».
Une autre étrangeté, pour laquelle l’auteur doit impérativement rentrée en contact avec les dirigeants des nations de notre planète, c’est le constat qu’impose le film (et peut être le livre) les exploités constituent une minorité de la population. Plus de nobles que de serfs. J’en veux pour preuve que lors des sélections des concurrents dans le district 12 et de la manifestation dans le district 11, nous avons la, au mieux, quelques milliers de personnes. Dans le même temps dans la capitale lors des émissions TV, le public est lui constitué de plusieurs dizaines de milliers de personnes. N’est-ce pas génialissime ?
Les candidats, deux par district, sont tirés au sort et vont être jeté dans l’arène pour diverses raisons, j’y reviendrais peut être. Nous sommes forcés de faire une comparaison dangereuse avec les gladiateurs. On n’imagine l’esclave qui doit se vider de sa chair pour le plaisir des spectateurs, alors qu’il n’avait rien demandé, le pauvre. Sauf que non. Un jeu de gladiateurs ne s’improvise pas avec des enfants tirés aléatoirement dans la populace, pour du spectacle, il faut de l’entrainement, de l’expérience, de la férocité… D’autant plus que le statut obtenu par le vainqueur ne peut qu’attirer les convoitises. Dans H.G. seuls deux districts convoitent les autres subissent (le 1 et le 2 d’après Woody). Tant sur l’organisation des jeux, que sur les composants humains, H.G. a tout faux. Bien entendu on pourrait me rétorquer que Battle Royale n’est pas mieux loti. Sauf que l’un utilise tout prétexte pour mettre en scène la violence quand l’autre se refuse à l’ironie, l’orgasme… non Hunger Games ne jubile pas.
L’amour dans Hunger Games répond lui aussi à un étonnant cahier des charges. Attention Spoiler. En 48 heures de la vie de nos héros, nous assistons à une succession troublante. A 24h du début des jeux, le mâle du district 12 décide de ne pas s’entrainer avec sa collègue. Quelques heures plus tard, il déclare dans un show TV qu’il est amoureux de sa comparse, l’issue des jeux ne peut pas être heureuse pour lui. A la sortie du show il se fait attraper par sa muse en colère, le trouvant incohérent et source de danger. Quelques heures plus tard, n’arrivant pas à dormir ils se retrouvent dans le salon, notre héroïne s’excuse, notre héros philosophie sur sa volonté à rester lui-même et à ne pas être un pion, ils se quittent amis. 24h après le début des jeux, alors qu’elle dort tranquillement sur une branche, elle constate que son amoureux à rejoint une coalition dans laquelle il sert de pisteur pour que ses nouveaux amis tuent sa belle. Je veux bien aimer les histoires tordues, la on commence sérieusement à s’approcher du fond. Nous nous écraserons un peu plus tard quand le changement de règle permet deux vainqueurs au lieu d’un, à condition que ceux-ci proviennent du même district. Notre belle cavale donc rejoindre son beau, pour le sauver et l’aimer sans autre forme de procès.
Autre passage très douteux, celui ou notre Dryade se retrouve acculée et blessée sur un arbre, avec la coalition maléfique (ou il y a toujours son amoureux) au pied de l’arbre. Dans la coalition une fille possède un arc, elle essaye donc de s’en servir pour faire tomber sa proie. Petite description : Distance : 15 M à la verticale ; danger au sol : aucun ; visibilité : excellente. Malheureusement la flèche passe à coté (moins d’un mètre), le chef de la coalition dit la brute-qu’on-sait-qu’il-va-mourir-à-la-fin prend l’arc à son tour pour un résultat similaire. Et puis ? Rien. Il reste bien des flèches, mais notre coalition qui ne craint aucun danger immédiat décide d’en rester la et d’attendre. Je pense que mettre des branches entres les tireurs et la cible pour expliquer la difficulté aurait sans doute été une bonne chose. On peut se dire qu’ils ne savent pas tirer à l’arc, mais alors pourquoi prendre cette arme, quand tu contrôles le point ou toutes les armes sont réunies. Pourquoi quand le chef (menace N°1 pour tout le monde) tombe en essayant de grimper à l’arbre, personne ne profite de la situation pour le tuer. Pourquoi plus tard tous dormiront d’un sommeil paisible et profond en sachant que l’un d’entre eux pourrait en profiter pour éliminer quelques concurrents. Comment cette coalition a vu le jour, quand chaque interaction entre les joueurs se résume à une tentative de meurtre ?
D’autres questions en vrac :
-Pourquoi y a-t-il des mines anti-chars dans les armes disponibles ?
-Pourquoi nous dit-on (woody) avant le début des jeux, que la mort arrive plus souvent par l’infection, le froid, la déshydratation, quand les organisateurs font tout pour réduire la durée « du spectacle ». Comment dans les éditions précédentes cela-fut-il possible ?
-Pourquoi un terrain de jeu de grande taille quand on empêche les concurrents de s’éloigner ?
A la différence de Pimp, je ne trouve pas que les rôles secondaires aient de la consistance. Aucun n’est travaillé en dehors des deux principaux qui sont insipides.
Les acteurs dans l’ensemble sont mauvais ou mal dirigés, je ne sais trop quoi choisir tant le résultat est médiocre. Peut être les deux. Si Lenny, Woody et Donald s’en sortent pas trop mal, le reste c’est le néant, à part peut être l’interprète du personnage de Rue. Rue qui par ailleurs est le seul personnage attrayant de cette triste aventure.
Jennifer Lawrence s’impose en fille spirituelle de Steven Seagal. J’aime les acteurs minimalistes, mais nous sommes plus proche des statuts de marbre que du jeu en ce qui la concerne.
Pimp parle d’anti-twilligt, je pense l’inverse. Certes quelques morts en plus, mais la violence est zappé, nos héros sont asexués, les dialogues sont interchangeables. Nous avons bien la un film/histoire pour jeune adolescente, le tout bien raté.
On devra se consoler avec le fait qu’esthétiquement le film n’est pas vilain, même si il n’est pas marqué par une ambiance forte, ce qui aurait sans doute permis une meilleure intégration de l’extravagance des costumes. On ragera, encore, qu’un nouveau film possédant une héroïne soit aussi mauvais, encore, et ça c’est vraiment dommage.
http://www.youtube.com/watch?v=rZl2SruDioY
Huhu XD.
Le pianiste de Polpol il se cache car il est juif et qu’il est une cible, c’est ça ou un voyage en train (au mieux).
Le « aucune raison » ne doit pas masquer les mauvaises choix qui rendent la narration incohérente. Mes questions mettent en avant des incohérences dans un film qui se prend au sérieux mais qui est désespérément creux.
Non mais je sais bien mon cher Interlock. Ce n’est pas contre toi. C’était juste histoire de patienter en attendant la réponse d’Hamburger Pimp. Et puis aussi de relativiser sur cette tendance générale à rechercher les incohérences scénaristiques dans tous les films. A ce rythme là, on va bientôt dévaluer « Citizen Kane » au motif que le « Rosebud » sur lequel se base toute l’intrigue n’est entendu par personne. Pour revenir à « Hunger Games », j’avais envie de bouffer mon siège pendant la première heure (j’ai horreur des films-jeux qui expliquent trop longtemps les règles) puis je me suis laissé prendre une fois le jeu (ou le film) commencé, c’est à dire au bout d’une heure et demie de dystopie pour les nuls. Pas fan non plus mais pas aussi mauvais que je pouvais le penser de prime abord.
C’est cool, celluloïdz , sans le vouloir, à laisser place à une contre-critique suivant la critique. Toutes tes raisons, je dirais juste, à la différence d' »aucunes raisons », en art, en cinéma par conséquent, personne n’a vraiment raison, mais on peut avoir tort. Hunger Games n’a pas tort, c’est juste que Battle Royale est mieux, mais qu’il faut attendre d’avoir 16 ans pour comprendre vraiment le film. Alors demandons à tous nos lecteurs de moins de 16 ans, la promesse qu’ils verront Battle Royale, et ceux qui l’ont pas vu, d’aller le regarder sur le champ. Et peut-être qu’on lira une contre-critique encore plus orginale que la tienne, Interlock, dans un sens comme dans l’autre
PS: t’inquiètes pas , le film ne sera pas dans le top de l’année….
Oula, contre critique, non, je n’en ai point le talent. En plus parfois je m’exprime de travers. Ma comparaison à deux sous B.R.= AC/DC est a chié. Oui, Battle Royale est mieux, je n’en fais pas une référence pour autant, mais j’en parle car Hunger Games l’a pris pour référence. Battle Royale est un film qui navigue entre le très bon et le très moyen, un film moyen-bon donc. J’en ai déjà parlé, mais le film subit les plus et les moins des manga, tant mieux et tant pis.(le meilleur je l’ai déjà cité, et je me passerais de vous soûler une seconde fois avec un autre film XD)
Après je te rejoins, personne n’a jamais vraiment raison, et surtout pas moi, sinon… hum. Mais je n’ai vraiment pas trouvé grand chose à sauver du film, et tomber sur ta critique, avec 5 étoiles en sus. Un frisson m’a couru dans le dos, tel une lame glaciale qui aurait la volonté de m’ouvrir en deux. Du coup, j’ai eu du mal à juste dire : « Je n’ai vraiment pas aimé le film ». Fallait que je dise que rien ne tenait debout, et qu’avec beaucoup trop de sérieux ce film échappait à tout. Un film d’ado qui essaye maladroitement de pas en être un, sans doute ce que je déteste le plus.
Je suis certain que bcp de gens partageront ton avis, bcp plus le tien que le mien. 🙂 (même si 5 étoiles, et quand même, tu y vas pas avec le dos de la cuillère. Dans la légende « La perfection existe, la preuve », oui promiiiis j’arrête sur ce film 😛 )
@Vug : Nan, nan mais j’ai aimé ton aucune raison, puis je l’avais bien cherché, j’avais qu’à mieux m’exprimer après tout, au lieu de balancer des pourquoi(s) à tout bout de champ. Puis en grand amoureux de *****, les aucunes raisons ne me dérangent pas.