Tinker, Tailor, Soldier, Spy
de Tomas Alfredson
avec Gary Oldman, Mark Strong, John Hurt, Colin Firth, Tom Hardy et Toby Jones
France/Grande Bretagne /Allemagne – 2011 – 2h07
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Tomas Alfredson a fait une sacrée impression en prouvant avec l’étonnant Morse qu’il avait plus que de vagues notions de réalisation, bien qu’il vienne de la télé. On le retrouve ainsi trois ans plus tard aux commandes de cette grosse prod’ (30 millions d’eur0s de budget, quand même), 100% européenne, comme son casting (bien que la plupart des acteurs aient à présent une carrière d’expat’ aux U.S), adaptant toujours un roman, en l’occurrence ici de John Le Carré.
Au début des années 70, à l’heure où la Guerre Froide fait rage, Smiley (Gary Oldman), un agent des renseignements britanniques mis à la retraite après qu’une opération ratée à Budapest ait coutée sa place à son supérieur, est rappelé pour une mission confidentielle, débusquer la taupe dans son ancien service.
Grand bien en prit à Alfredson de rester sur le Vieux Continent et de chercher à concurrencer les studios hollywoodiens à l’heure des Bourne et autres Mission Impossible, car La Taupe s’avère être un hommage au cinéma européen, aux romans et films d’espionnage british, tout en gardant cette touche scandinave propre à la réalisation d’Alfredson. Fort d’une connaissance évidente de ses pairs et classiques, le faisant citer aussi bien Hitchcock que Lang, le cinéaste suédois prend toujours son temps. Sa caméra se promène telle un fil rouge, pointant d’un zoom un détail, un visage, ou s’attardent des plans surcadrées, preuve d’une architecture compartimentée, oppressant et emprisonnant à l’image d’une hiérarchie, d’un plateau d’échecs, image maitresse de l’enquête.
Bien que la mise en scène reste très classique, c’est probablement ce classicisme qui fait ici la force du film. Bien loin des scènes d’action à la James Bond, La Taupe puise davantage ses racines dans les films d’enquêtes à l’ancienne. Sa narration classique à la Citizen Kane détonne avec ce que l’on nous avait habitué en matière de films d’espionnage. L’intrigue est ici dans les mystères, les enjeux et les méfiances (après tout, c’est la Guerre Froide), appuyée par un casting solide et classieux, la fougue de Tom Hardy pouvant croiser le mépris de Toby Jones et le flegme de Colin Firth, formant les pièces parfaites d’un jeu d’échecs dirigé par un Gary Oldman, que l’on attendait depuis trop longtemps dans un rôle aussi important. Mention spécial pour Benedict Cumberbatch, le Sherlock de la série éponyme qu’il est toujours bon de connaître.
S’appuyant sur un casting de grands acteurs européens actuels, La Taupe prouve de nouveau le talent de son réalisateur, son sens de la mise en scène, et sa capacité à rester original dans son classicisme.
Lullaby Firefly
J’ai hâte de le voir.
La Taupe est excellent. J’ai adoré le mélange entre enquête et drames humains. Je vais peut-être y retourner moi 😀
j’ai trouvé ça déjà vu et ennuyeux, très ennuyeux.. Par contre il n’y a rien à dire, les décors sont sublimes: on ressent une extrême froideur qui rend l’atmosphère glaciale.