Bunraku
De Guy Moshe
Avec Josh Hartnett, Gackt Kamui, Woody Harrelson, Ron Perlman
Etats-Unis – 2011 – 1h58
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Le bunraku est un type de théâtre japonais datant du dix-septième siècle. Les personnages y sont représentés par des marionnettes de grande taille, manipulées à vue. Tradition théâtrale plus particulièrement originaire de la région d’Osaka, le bunraku est interprété par un seul récitant qui chante tous les rôles, et trois manipulateurs pour chaque marionnette. Les marionnettistes sont visibles par le public et utilisent soit la gestuelle furi, plutôt réaliste, soit la gestuelle kata, empreinte de stylisation, selon l’émotion recherchée. Si vous vous souvenez, ce sont les grandes marionnettes que l’on voit au début et à la fin de Dolls de Takeshi Kitano.
Ici, c’est le conte d’un monde où les armes à feu ont été banni et interdites, suite à une nouvelle guerre mondiale. Le monde est composé d’innombrables villes indépendantes et autonomes, qui sont en proie à des tyrans combattant à l’arme blanche. Une seule règle dans la ville nous intéresse : un groupe de vingt combattants a le droit, chaque nuit, d’affronter le tyran en règne avec son propre groupe de combattants, le tyran en vigueur ici est un bûcheron assisté de neufs combattants. D’un discours rapide et un peu malhabile sur la nature innée de la violence chez l’homme, en différents styles d’animation (papier mâché, dessins, infographie, 3d…), ces délires visuels seront présents tout au long du film, le film se propose comme un western samouraï dystopique. En effet, d’un côté nous avons un héros, se présentant comme un joueur invétéré, un « gambler » comme on dit, rappelant le personnage de Johnny Guitar de Nicholas Ray, faible en verbe mais fort au poing ; de l’autre un japonais en kimono, aux allures de faux sage, tel le calme et la tempête.
Je ne sais pas pour vous, mais peut-être à lecture de cette critique vous vous rappelleriez des films ou autres dans le même contexte narratif ou le même récit. Pour ma part, cela m’a rappelé le 22ème épisode de Cowboy Bebop, Cowboy Funk, ou du même auteur le premier épisode de Samuraï Champloo. Et cela m’a rappelé aussi Soleil Rouge de Terence Young avec Alain Delon, Charles Bronson, Ursula Andress et Toshiro Mifune (l’acteur phare d’Akira Kurosawa), tout ceci cristallisé par la séquence de combat entre les deux héros, avec jeux de la matière (boue, sable) et du temps climatique (pluie, vent), sous l’œil du barman louche joué par Woody Harrelson. Et si cela ne suffisait pas, le réalisateur se veut plus dense : utilisation quasi-systématique de filtres de couleurs en référence au music-hall, il y a même la musique façon Broadway (vous savez ce jazz populaire qui peut rythme les séquences de danse comme de combat dans West Side Story), un jeu visuel de portes coulissantes et des filtres de lumière (à plusieurs reprises le réalisateur joue sur le fait que les personnages sont justes séparés par un voile ou une vraie superposition de deux actions), ou encore un esthétisme très marqué des costumes de ses personnages. Bref, c’est une déclaration d’amour à un certain cinéma, comme Tarantino, en moins bien.
Bunraku est appréciable car il se situe dans la lignée de films protéiformes pop années 2000 tel que Sin City mais surtout Scott Pilgrim. Bon délire, mauvais récit et narration, ce qui avait été le problème de Scott Pilgrim
Hamburger Pimp
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