The Red Shoes
de Michael Powell et Emeric Pressburger
avec Moira Shearer, Anton Wallbrook, Marius Goring
Etats Unis – 1949 – 2h13
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Fruit de la dixième collaboration entre Michael Powell et Emeric Pressburger, Les Chaussons rouges fait parti de ces quelques miracles du cinéma, qui mettent tout le monde d’accord. De Scorsese à de Palma, en passant par Romero ou Tavernier, tous ont confessé leur admiration pour ce bijou du technicolor. La sortie en dvd et Blu ray des Chaussons rouges chez Carlotta, vient clôturer cette année du ballet, introduite par Aronofsky et son Black Swan, lui aussi fortement inspiré par son ainé.
Les Chaussons rouges raconte l’ascension simultanée de Victoria Page (Moira Shearer) et de Julian Craster (Marius Goring), respectivement danseuse et compositeur pour la prestigieuse troupe de ballet de l’exigeant Boris Lermontov (Anton Walbrook).
A la manière de Faust, Victoria vend son âme à Boris Lermontov, lui promettant de ne plus vivre que pour la danse. Jusqu’à ce qu’elle découvre l’amour avec Julian…
Le triomphe, Victoria l’obtient dès sa première performance, dans le premier rôle d’un ballet tiré du conte d’Andersen : Les Chaussons rouges. Cette séquence clef de 17 minutes, montre le parti pris de Powell & Pressburger, de ne surtout tomber dans le piège du Ballet filmé de façon figée. Le spectateur est embarqué au milieu de ce ballet où les notions de temps et d’espace sont devenues totalement abstraites. Sur cette scène aux allures de théâtre expressionniste, qui semble faire des kilomètres, P&P multiplient les plans séquences virtuoses, où la caméra virevolte au milieu de la cinquantaine de danseurs. D’une modernité et d’un lyrisme à couper le souffle, la réussite de la séquence, vient aussi du choix de Moira Shearer dans le rôle de Victoria. En préférant une danseuse du Sadler’s Wells, plutôt qu’une « simple » actrice, P&P viennent discrètement rappeler à Miss Portman, qu’elle a encore du pain sur la planche. Et du pain, il en faudra aussi à Darren, ainsi qu’à tous ceux qui ont tenté ou tenteront de filmer les coulisses d’un spectacle. A part Ophuls, rares sont ceux qui ont réussi à faire nous faire partager l’envers du décor avec autant de subtilités, subtilisant toute l’effervescence sans jamais être clinquant, en se frayant discrètement un passage autour du tumulte de comédiens plus ou moins disciplinés.
Pour bien se satisfaire les pupilles devant ce miracle du technicolor, il fallait une édition à la hauteur. Carlotta remplit parfaitement son contrat, en proposant la version restaurée du film, présentée à Cannes en 2009. Le double dvd est agrémenté de bonus enrichissants, qui prolongent la féérie : Mr Scorsese, Mme Powell, et bien d’autres, se succèdent pour expliquer l’enjeu de la restauration, l’histoire du film et son impact dans le cinéma.
Bref, si le bonheur avait des pieds, il porterait des chaussons rouges…
Zelig
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