Mirokurôze
De Yoshimasa Ishibashi
Avec Mieko Harada, Anna Ishibashi, Maiko
Japon – 2011 – 1h30
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Tout d’abord, il n’y a pas vraiment d’histoire, la base du film est l’amour et la romance qui s’y construit autour. Nous assistons à un film à sketches sur les différents difficultés d’un homme doit affronter pour celle qu’il aime avec la possibilité de tout perdre et de se morfondre. Pour cela le réalisateur s’inspire de différents univers populaires japonais.
Le premier univers est le kawaï : adjectif japonais pouvant se traduire approximativement par « mignon » ou « adorable ». Cela exprime bien souvent la frivolité et le manque de sérieux, par l’utilisation de couleurs flashy, d’expressions enfantines ainsi que de postures et attitudes physiques (poses avec les doigts formant un v, pieds tournés en dedans). De là la femme aimée vient égayer un quotidien monotone, poussant l’homme à faire tout ce qu’il pourrait la garder près de lui : achat de maisons, l’équiper… Pour le second univers, c’est la télévision japonaise qui est cité, tout le monde connaît Tournez manège, bien au Japon, cela peut aller plus loin. On voit en scène un prédicateur de l’amour, aux allures funky et peu sociable, pourtant aimant la danse, on peut d’ailleurs tout régler avec la danse. Ce personnage exprime la prise de risques que les garçons japonais, de manière générale, n’osent prendre, il a une ligne téléphonique où on peut l’appeler et s’amuse à traiter d’idiots ceux qui l’appellent. Et le risque est simple mais dur : quitte à paraître étrange et bizarre, c’est mieux que de ne pas être remarqué du tout par sa discrétion et sa timidité :« C’est le courage qui fait vraiment d’un homme un homme ».
Pour le dernier univers cité, nous sommes face au chanbara, le film de sabre japonais. D’une histoire à l’eau de rose entre un homme et une fleuriste avec un petit copain monstrueux, suite au kidnapping de cette dernière, l’homme amoureux se transforme en rônin borgne. Et pour les connaisseurs de ce genre de film, il y a toujours uns séquence de jeu « gambling », le jeu où il faut deviner si les deux dés forment un nombre pair ou impair. De là débute une construction magnifique de combat de sabres. Le metteur en scène travaille le combat comme un ballet entre ralentis très ralentis (à en remarquer l’expression du protagoniste) et coups de katana en temps réel, appuyé par un travelling latéral pouvant rappeler celui d’Old Boy. L’espace ou champ (de combat) filmique, soutenue de couleurs chaudes comme le rouge et le violet d’une teinte sombre (noir), permet un cadre ouvert sur le monde, le spectateur est un témoin de l’amour du jeune homme pour la fille qu’il recherche, dont la quête, dans le film, dure près de 3 ans.
Au final, le cinéaste nous montre que si une histoire d’amour finit, il n’en est pas de même pour notre cœur qui doit toujours aller de l’avant, savourer les moments passés mais ne pas s’y bloquer à moins que la personne en vaille lraiment le coup. L’amour dans le film se montre surtout difficile avec les hommes prêts à braver tout pour pas grand-chose mais c’est le prix de la romance. Pourvu que cela fasse comprendre aux femmes, les mésaventures des hommes maladroits qui ne veulent qu’aimer, voilà une œuvre iconoclaste plus radicale qu’Eternal Sunshine of Spotless Mind et 500 jours ensemble. Vive les hommes romantiques.
Hamburger Pimp
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