Fright Night
de Craig Gillepsie
avec Colin Farrel, Anton Yelchin et Tony Colette
Inde/Etats-Unis – 2011 – 2h
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Les remakes, ça saoule. Il y en a tout le temps qui sortent, qui sont envisagés, annoncés, tournés… Une vraie spirale de l’angoisse à la Vertigo. Impuissant devant cet automatisme tenace, on oscille souvent entre l’indignation et le ras-le-bol. Il semble loin le temps des remakes brillants à la Mouche, à la The Thing ou à la Colline a des yeux… Le remake doit avant tout être une modernisation du film original (ce que font Cronenberg, Carpenter et Aja). Pourtant, depuis quelque temps, la mode consiste surtout à repomper grosso merdo l’histoire de base en la déringardisant, d’adapter au goût du jour ‘lhumour, la musique et les effets spéciaux et de se dégoter une starlette, un acteur de série ou une ex gloire sur le déclin. Une fois ces ingrédients réunis, on trouve un tâcheron, un mec qui n’a pas encore eu son moment de gloire et donc qui sera fort content de taffer pour des petits clous. Et voilà, le tour est joué, il ne reste plus qu’à investir dans la promo à hauteur du budget initial du film, plus ou moins.
Alors forcément, quand sort Fright Night, on a déjà froid dans le dos, et pas pour les bonnes raisons. La nostalgie sympa du premier n’étant plus là, l’ex-gloire en déclin étant Colin Farrel et le tâcheron, Craig Gillepsie, M. United State of Tara (qui a du coup casé sa copine Toni Colette, affreusement sous exploitée), ça ne présage rien de bon. Mais l’avantage quand on s’attend au pire, c’est que, soit on est pas déçu, soit on est surpris dans le bon sens. Dans le cas de Fright Night, il faut avouer que c’est plutôt le second cas, même si c’est pas un film ouf non plus. Mais ce remake a au moins la décence de ne pas se limiter à la redite et de chercher à faire varier son thème en l’ancrant plus dans l’Horreur que son précédent. Et par Horreur on entend Horreur contemporaine, avec délires de psychopathe, pièces de séquestration et grosses giclée de sang. Mais pour ce qui est de tenir l’action, Gillepsie tire son épingle du jeu et parvient à créer des bonnes scènes de tension (la scène d’intro), bien que le film ne tienne pas la dynamique jusqu’au bout, handicapé par les sempiternelles scènes de blabla, parce que dans les années 2000, il faut que le film fasse 2h, même si ça fait patauger le scenario.
Mais comme le film originel, Fright Night s’adresse aux ados, et forcément faut que ça frise par moment l’humour Judd Apatow (et pas seulement parce que Christopher Mintz-Plasse, le McLovin de Supergrave y tient le même rôle en moins drôle), Des personnages secondaires se font buter et tout le monde s’en fout, bref, pas mal d’aspects semblent avoir été choisi par stratégie plus que pour servir l’intrigue. En sus de cela, ajoutons que le personnage génialissime du vieux Vincent Peter est devenu ici un sosie d’Aldous Snow, sorte de Vampirella au masculin, s’avérant aussi peu drôle qu’il n’est utile. A côté, Colin Farrel fait figure de mec glauque, plus vieux pervers que séducteur, et livre une prestation à la hauteur de l’intérêt qu’il semble avoir pour le film. On a même le droit à la scène de morphing de sa tronche en vampire, qui n’est pas sans rappeler celle du Rite… C’est dire combien c’est cheap. Fini le maquillage, le principal intérêt de refaire un film des années 80, c’est quand même de passer les effets spéciaux en numérique, y compris une belle explosion totalement saugrenue. Ou alors juste un auto-immolation d’une stupidité étonnante pour faire kiffer les cascadeurs…
Partant probablement d’une bonne intention, Fright Night reste plombé par des ficelles grossières alors qu’au final, le film avait des atouts pour devenir une petite bobine sympa.
Lullaby Firefly
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