Insidious
de James Wan
avec Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty Simpkins
Etats-Unis – 2010 – 1H42
Rating:
Peu de temps après avoir emménagé dans leur nouvelle maison, la famille Lambert est victime de phénomènes étranges, à commencer par leur fils ainé Dalton qui sombre dans un coma inexplicable. Devant l’impuissance de la médecine, ils décident de faire appel à une équipe d’experts en paranormal.
Ayant frappé fort en marquant l’Horreur de plein fouet dès son premier film, Saw, James Wan s’est vite affranchi, d’un point de vue artistique, de la saga qu’il avait lancé, tout en continuant d’en tirer les bénéfices en tant que producteur. Le premier essai ayant fortement impressionné, on attendait son gros film, celui qui dépasserait les attentes, qui confirmerait les intuitions induites par Death Sentence. Et ce film, c’est Insidious.
Puisant ses références dans les films établis du genre, Insidious ne rend pas seulement hommage, il transcende ses pairs et les enterre par la même occasion. Posant une ambiance sinistre et baroque à grand coups de cordes stridentes et de piano dissonant (là où l’on nous avait habitué à de simples cordes pincées), Wan balaye d’un revers de main les ghost stories les plus marquantes de ces dernières années, de Poltergeist à Ring, en passant par toute la descendance espagnole, reprenant par le prisme de son esthétique les motifs forts de ces films (la structure scénaristique, les différents types de fantômes). Mais la particularité de Wan reste son intégration du fantastique dans un réalisme convaincant. Faisant fi de la suggestion habituellement préférée pour ce type de production (le paroxysme restant Paranormal Activity), James Wan montre tout, mettant en place un mécanisme de la peur proche de la sensation ressentie par le dormeur durant un cauchemar. La tension est continue, l’Horreur, insidieuse. Elle apparait en second plan de manière inattendue, se fondant dans le décor, rythmée par un subtil sens de la mise en scène et un montage rapide et irrégulier. Se faisant l’économie salutaire du gore qui a fait sa renommée, Wan préfère jouer davantage sur la terreur que sur le dégoût. Comme dans un train fantôme incroyablement réaliste, Insidious glace le sang de son spectateur, ne lui laissant presque aucun répit. Les scènes plus calmes ou légères (comme les deux experts en paranormal) demeurent de brèves respirations annonçant toujours l’arrivée d’une scène terrifiante, ne lui apportant que plus d’impact, le spectateur n’étant plus conditionné par la peur, mais par l’aspect comique de ces scènes.
Il y a bien longtemps qu’un réalisateur n’était parvenu à foutre autant les foies, sans le gore plastique du torture porn, ni les innombrables jumpscares éculés d’Oren Peli. Insidious donne à son spectateur ce que les petits malins de Paranormal Activity s’évertuaient à rendre implicite. L’ironie de l’histoire reste le fait que le film est produit par les mêmes petits malins précités, Peli en tête, au point que la première maison des Lambert s’avère être celle du premier Paranormal Activity. Le film joue sur l’invisible mais là où depuis Blair Witch, il était bon ton de le cacher, Wan montre ce que l’on n’était pas censé voir, rend visible l’invisible. Avec un budget de 1,5 millions de dollars, le réalisateur joue sur les maquillages, les costumes, quelques effets numériques bien dosés, sans que jamais ne transpire la minceur du budget comparativement aux ambitions du réalisateur. Le fait d’avoir minimisé l’utilisation de SFX rend l’ensemble plus réaliste et palpable.
Jouant sur un panel de fantômes plus effrayants les uns que les autres, une atmosphère cauchemardesque qui n’est pas sans rappeler nos peurs enfantines, Insidious cite et enterre la plupart de ces prédécesseurs, quitte à les rendre obsolètes, en modernisant un genre difficile à renouveler , souvent mal exploité et reposant trop souvent sur l’implicite et le hors champ. Prenant ces préceptes à rebrousse-poil, Wan n’hésite pas à les mêler avec ceux qu’un autre sous genre (qu’on ne citera pas pour éviter de spoiler) qu’il se plait à détourner de la même façon, en illustrant l’invisible.
Probablement le meilleur film d’horreur de l’année, Insidious renouvelle l’épouvante, relancée à la fin des années 90 et en statu quo depuis, tout en en repensant la mise en scène, ce qui lui assure une descendance pour la décénnie à venir et apporte à James Wan la confirmation que l’on attendait depuis Saw.
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Un de mes films d’épouvante préférés de l’année. Une fois de plus, je suis entièrement d’accord avec ta critique. Dans ce film, j’ai beaucoup aimé l’ambiance malsaine de la première partie, l’univers parallèle dans lequel Patrick Wilson s’engouffre dans la deuxième partie, le clin d’oeil à Shining et sans oublier le twist final, qui commence à devenir la marque de fabrique des films de James Wan. On se souvient bien sûr de celle de Saw et j’ai trouvé celle de Dead Silence pas si mauvaise que ça. Je trouve, tout comme toi, que ce réalisateur génial entre définitivement dans la cour des grands. Bon, cette fois, je vais me coucher. Je continuerai à me délecter de tes critiques demain !
Attention risque certain de spoil :O
J’ai encore rien dis sur ce film. Au niveau des références, il n’y a surement pas de problème tant la première partie ressemble à un horreur « classique ».
-Famille pas trop riche mais loin d’être pauvre
-Une grande maison avec des fantômes
-Un grenier plein de mystère
-Une sorte d’incinérateur qui fait de la lumière dans le noir (j’ai adoré)
-Des pyjamas à motif unique pour toute la famille
-Des livres qui tombent, des portes qui s’ouvrent ou se ferment
-Une famille qui n’a pas grand chose de crédible(malgré des efforts visible pour la rendre plus « vrai »)
La deuxième partie est très bonne, et surtout très originale. On sort du classicisme de la maison épouvante. La gentille famille cherche de l’aide, et en trouve ! Le tout avec un peu d’humour pour un vrai détour qui commence à faire flipper.
Je suis assez fan de cette deuxième partie.
Par contre la 3eme partie, c’est quand même une belle déception. La conclusion ne me dérange pas tant que ça* c’est toute les péripéties précédentes dans « l’autre » monde. C’est quand même bien moche.
*Nous avons un groupe de « combattant » ou de « résistant » qui passe un sale quart d’heure à ne pas se faire envahir par des esprits, en attendant que les corps qu’ils protègent voient revenir leurs âmes parties en balade. La lutte est quand même serrée, nous somme à la limite de la défaite… mais aucun de nos personnages présent ne prend la peine de vérifier si se sont les bonnes âmes qui sont revenues. Alors que c’est quand même le principal danger contre lequel ils tentent de se protéger. C’est quand même pas facile à avaler XD
En tant que non consommateur régulier de films d’horreur, j’ai trouvé que c’était un bon film d’horreur. Puis la deuxième partie m’a vraiment fait saliver. En tant que film tout court je dirais que c’est un film moyennement bon. Mais il y a tellement de navet dans le genre qu’il faut reconnaitre que nous sommes très loin du navet, et qu’on passe un bon moment.