de Terrence Malick
Avec Brad Pitt, Jessica Chastain et Sean Penn
Etats-Unis – 2h18 – 2011
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Y-a-t-il dans toutes les familles une histoire dure à porter ? Les rapports difficiles avec des parents, des choses que l’on ressasse jusqu’à la fin ? C’est le postulat de départ du nouveau long-métrage du grand, voire du meilleur cinéaste en vie, Terrence Malick. Faisant un film tous les 6 ans, chaque sortie salles est un évènement, en particulier le dernier qu’est présenté à l’actuel festival de Cannes où les réactions sont déjà mitigées, de plus Mr Malick n’est pas venu à la première projection. Pour autant, ce film se doit-il forcément d’apparaître sur un site tel que Celluloïdz ? Sachez que The Tree of Life peut se voir comme un film fantastique. En effet, Jack, aîné de 3 enfants, cadre supérieur dans un grand building, se remémore son enfance, où il fût tiraillé entre son père et sa mère. Nous comprendrons par la suite que l’un de ses frères est mort jeune.
Nous soulignons en premier lieu que c’est le film le plus radical et le plus expérimental du metteur en scène américain, puisqu’en partant d’un microcosme classique, une famille, ce dernier veut parler de tout ! Il se montre très, voire trop, contemplatif de la nature, dans ce qu’elle a de plus mystique et de plus majestueux, d’ailleurs l’organisation de la nature ne serait pas la meilleure preuve ou marque de Dieu ? De plans simples rapprochés filmés en temps réel (sinon ça fait publicité ou reportage de la chaîne Planète), on y décèle la complexité de la matière à la fois brute et poétique. De plus la nature est changeante et pour cela le cinéaste va jusqu’à la filmer à des temporalités radicalement différentes, notamment au temps des dinosaures (Spike Jonze a fait la même chose dans Adaptation), le début de la vie, pour ensuite y filmer les hommes dans cet environnement. Les plans y sont alors toujours simples et s’enchaînent très rapidement, vous comprendrez que c’est tout à fait normal, car on assiste à des souvenirs des instants de mémoires.
On peut affirmer en second lieu que la marque fantastique apparaît par ce qu’on appelle d’habitude des flashbacks, mais qui n’apparaissent pas comme flashbacks. Tout comme précédemment le grand documenteuriste Peter Watkins avec son œuvre magistrale Edward Munch, la danse de la vie, Terrence Malick invente une mémoire qui est finalement l’objet film, donc dépassant la subjectivité, on entend tour à tour des dialogues des différents personnages avec Dieu, accompagnés d’instants de vie proprement subjectifs. Par cela, le film a été tourné en décors et lumières naturels (haha ha, et peu de scènes de nuit), la caméra accrochée à même le corps, le souvenir se matérialise par le corps par conséquent, tout en retenue et légèreté. Enfin finissons par préciser que si nous sommes face à une mémoire collective, elle se subjectivise, par le fait de filmer l’éveil d’un homme, Jack. En effet, le metteur en scène essaie de capter les différentes étapes de l’éveil humain : de la reconnaissance du père et de la mère, au fait qu’il faut les partager avec ses frères, l’amitié, la mort, l’autorité parentale, le désir sexuel et enfin, l’Oedipe.
Concluons en disant que The Tree of Life est un film fantastique, métaphysique, cosmique, philosophique, expérimental et dramatique dont le discours est une réflexion sur la vie, dans tous les sens du terme. Une expérience de cinéma à part, peut-être malheureusement plus pour les cinéphiles.
Hamburger Pimp
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