Di renjie zhi tongtian diguo
De Tsui Hark
Avec Andy Lau, Bingbing Li, Tony Leung Ka Fai
Chine – 2010 – 2h03
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Tsui Hark narre l’histoire de l’unique impératrice de Chine, Wu Ze Tian, en période de troubles du pays en 689. En effet des morts mystérieuses, des corps qui s’enflamment, autour d’un bouddha géant en construction, provoquent peur et effroi alors que Wu Ze Tian n’est pas encore intronisée et qu’une rébellion se forme contre elle. Pourtant, cette dernière décide de libérer un opposant, capable de régler cette affaire, le juge Dee.
Nous voici alors dans un wu xia pian (film de sabre) fantastique, inspiré d’une esthétique de l’opéra de Pékin, ainsi que du formalisme du film en costumes chinois en vogue depuis un certain temps. Inspiré d’un personnage ayant vraiment existé, lors de la dynastie Tang, ce long-métrage reprend tous les codes du film de chevalerie avec la figure de la dame d’épée, le double personnage de Jing Er épaulant le détective, la tête brûlée prompt au combat, Pei Donglai et le vieillard semblant ivre et sale, Wang la mule. Alors qui est Watson ? Il y a même un clin d’œil au sabreur manchot, le personnage de Shatuo. Pour ce qui est des combats, ils sont dirigés par Sammo Hung (oui le gros de la série télévisée Le flic de Shanghai), par conséquent pas besoin de milliers de ralentis. En effet, dans les codes empruntés par Tsui Hark au film de chevalerie, les combats sont tantôt de la kung-fu comedy (la séquence de rasage, la première discussion entre Dee et Donglaï), kung-fu ghost comedy (la course-poursuite combat dans le marché fantôme, la meilleure séquence d’action du film) et plus le film avance, plus les combats sont sérieux et rigoureux, avec toujours le souci d’utiliser l’espace et les décors qui nous entourent, un temple, un chantier ou une forêt de bambous.
Mais le film est de plus une enquête de polar, il y a un détective, une femme fatale des tas de faux-semblants. Tsui Hark propose une réflexion sur les arcanes du pouvoir et l’envie ainsi que la jalousie que cela provoque. C’est un film noir ? On peut le comprendre de cette manière, d’autant plus que le pouvoir à abattre est une femme, certes mauvaise, mais pas plus que les autres. À cela s’ajoute la superstition donnant une tournure fantastique (on voit d’ailleurs le même cerf sacré que celui de Princesse Mononoké) d’où la résolution sera on ne peut plus rationnelle. Mais n’y-a-t-il pas là-dedans une métaphore de la Chine actuelle ? En effet, un pouvoir aux abois et autoritaire torturant ses opposants, un contexte de prolétariat où l’on remarque les mauvaises conditions de travail (le chantier du bouddha) avec au final une croyance dans le pouvoir en place car il peut toujours s’améliorer s’il regarde son peuple en face.
Bref, Tsui Hark est de retour, tel un Tarantino avant Tarantino, cinéphile devant l’éternel, s’amusant des codes pour un divertissement haut de gamme.
Hamburger Pimp
Décidément il y a quelque chose qui m’échappe…
J’ai vu ce film hier avec quelques amis, sur mon conseil d’ailleurs puisqu’il est unanimement encensé par la critique, et en sortant de la salle on s’est posé une question :
est-ce que la qualité d’un film peut virer du chef d’oeuvre à la daube en même temps qu’il passe de VO à VF ??!
Parce que oui, mea culpa, on l’a vu en VF et ça vaut rien mais ça a eu le mérite de nous faire beaucoup rigoler alors qu’avec la VO on n’aurait peut être pas décelé toutes ces absurdités de scénario/dialogue/intrigue.
Pour moi c’est une parodie et une très réussie, sauf qu’apparemment ça n’était pas vraiment le but.
De plus il est important de noter que les effets spéciaux sont en effet assez spéciaux… mais pas particulièrement réussis, voir même complètement ratés (aux vues de ce qui se fait aujourd’hui bien sûr, s’il était sorti il y a de là 20 ans je n’aurais rien dit)
Bref pour moi ce film se rapproche plus d’un mauvais film d’action indien que d’un chef d’oeuvre de wu xia pian, quoi qu’il en soit c’est hilarant.
Ce film est tellement immersif que dès les premières secondes mes yeux se sont mis à fondre et mes oreilles à saigner, tout comme les victimes des meurtres sur lesquels enquête le Detective Dee. Maintenant si vous avez ses coordonnées j’aimerais bien l’engager pour travailler sur le vaste complot médiatique qui a poussé les critiques de tous bords à encenser ce gigantesque nanar. Merci.
Alors, à votre décharge, plus je parle de ce film avec d’autres personnes plus j’ai l’impression que c’est moi qui ai loupé un truc parce que tout le monde le trouve génial (et bien fait)(et les gros plans flous dans les combats ne cachent pas la misère, c’est de la maîtrise de mise en scène)(et la lumière dégueu est faite exprès c’est des références théatrales)(et le décors en images de synthese des années 90 sont un hommage à Civilization IV)(et le grain vidéo sur les plans sombres aussi: hommage aux camescopes S-VHS: tout est calculé, tout est parti pris).
Ce qui écarte donc ma thèse du complot médiatique et appuie en revanche celle du complot extraterrestre global (cf. They Live!) sauf que les extraterrestres sont en réalité chinois. Ca doit en boucher un coin à The Vug !