Rango
De Gore Verbinski
Avec les voix de Johnny Depp, Isla Fisher et Abigail Breslin
Etats-Unis – 2011 – 1h40
Rating:
Il était un lézard, un simple lézard de compagnie, qui se rêvait sous les projecteurs à l’intérieur de son aquarium reptilien. Mais le destin en a décidé autrement, ses maîtres ont renversé un opossum, l’aquarium s’est brisé sur la route et voilà donc ce lézard au milieu du désert de l’ouest loin d’Hollywood…En cherchant de l’eau, le reptile arrive dans une ville victime de la sécheresse, remplie d’animaux en tout genre, il décide de se faire appeler Rango et se fait passer pour un héros.
Le réalisateur Gore Verbinski, qui depuis le premier volet de Pirates des Caraïbes ne propose plus rien d’original, superpose les désirs imagés de l’Ouest américain. En effet avant, dans les westerns, dont le film d’animation reprend les codes, l’Ouest représentait un espoir de gloire, de reconnaissance et de richesse. Maintenant ce sont les paillètes de la célébrité qu’inspirent l’Ouest. En clair Rango peut se comprendre alors comme le récit d’un être se voulant célèbre et artiste dans l’ouest américain (il porte d’ailleurs une chemise californienne), se retrouve dans une affaire de Far West (il portera des santiags et un chapeau de cow-boy).
Ce film d’animation, tout comme le style les frères Coen (dernièrement True Grit), mélange donc classicisme et modernité, avec le processus de la croyance, la croyance en « l’esprit de l’Ouest ». Ce mélange est marqué par le personnage du maire, une tortue en chaise roulante, en écho à certains westerns, soulignant que « le temps de la gâchette facile à cause d’un mot de travers est révolu ». Par conséquent, pendant tout le film s’installe une réflexion sur la croyance qui permet aux êtres de vivre et de supporter la réalité dure, d’ailleurs on peut assister à une belle séquence de prière… Et ce film animé a de commun en plus avec les frères Coen une touche d’humour cocasse dû au personnage principal, maladroit et bavard.
Mais de ce film d’animation, très soigné par les couleurs et détails des animaux surtout les lézards, les prises de vue fluides (toute la première séquence du film qui est accident se finissant avec un clin d’œil à Johnny Depp), le traitement graphique de l’eau ou l’ambiance second degré du western avec des armes en tout genre (une queue de serpent à sornettes transformée en mitraillette), implique aussi une critique. Cette critique est le constat du changement du monde, de plus en plus capitaliste et financier qui va jusqu’à l’atteinte des besoins naturels des êtres. Ce besoin naturel pour le récit filmique est l’eau et la cristallisation de la satire est la vue de Las Vegas par Rango, de la consommation à outrance au milieu du désert.
Rango est le film d’animation du début d’année, qui mérite d’être vu en 3D si possible (ne manquez pas le générique) où vous allez vous retrouvez à aimer les animaux les plus moches et les plus sales qui soient.
Hamburger Pimp
Vraiment une bonne surprise pour moi ! La bande annonce montrait déjà que c’était beau, mais laissait présager des gags à 2 balles. En réalité il n’en est rien.
Je trouve même que ce film est un faux film pour enfants. Je m’explique : les personnages sont techniquement beaux mais visuellement laids : poilus, sales, avec de la bave et du caca dans les yeux… probablement les animaux anthropomorphes les plus réalistes qu’on ait vu à ce jour. Rango reste le moins laid et pourtant il est déjà complètement asymétrique. C’est pas Dora ou Pikachu quoi. Et je suis persuadé qu’un enfant de 5 ou 6 an aura un peu de mal avec ça. Le méchant de la fin est aussi sacrément flippant pour les enfants à mon avis (un peu comme les monstres de Nine). Sans oublier que certains personnages fument ! Un parti pris risqué si vous vous rappelez que l’opinion publique yankee avait été choquée parce que Sigourney fumait des clopes dans le tout public Avatar, et Cameron avait du s’en justifier.
Et puis concerant l’humour et les dialogues, contrairement à ce que la bande annonce laissait croire, il y a finalement peu de blagues tarte à la crème et plein de dialogues absurdes inhabituellement longs et de personnages au vocabulaire fleuri, à l’accent difficile et/ou au débit de parole assez élevé. Les blagues sur des thèmes aussi peu fréquents en animation que la mort et le sexe ne sont pas rares dans Rango. Mais rassurez-vous, le scénario reste basique sur fond écolo-repentir que n’aurait pas renié Yann Arthus Bertrand, un genre de mix facile entre Wall-e et Avatar servant de toile de fond au vrai coeur du film, un joyeux remix plein d’amour de tous les plus grands classiques du western, tant au niveau des personnages (sheriff, desperados, gunslinger, simplet du village, maire véreux, mariachi…) que des scènes (bagarre de saloon, courses poursuites en canyon, chevauchées, ambuscades etc). Les décors sont proprement magnifiques et souvent photoréalistes. Les clins d’oeil et références cinéphiles sont nombreux (notamment le caméo d’un Clint à la retraite assez excellent). Ajoutez à ça une bande son adéquate et les fans du genre ne peuvent que saluer cet hommage appuyé.
Je valide la note de Celluloidz, et j’introduis Rango dans mon top 3 personnel des films d’animation 🙂
C’est vrai que Rango est une très bonne surprise! D’une certaine manière, Verbinski avait déjà cette démarche avec ses Pirates, qui boivent et qui fument dans un film destiné tout public. Il faut croire que le public puritain US est moins choqué par l’influence de pirates ou de cowboys que par celle de militaires en mission sur une autre planète. Sociologiquement, c’est très révélateur!
On ne peut présager de rien pour l’instant mais il va être très dur de faire mieux que Rango niveau animation cette année…. Tremblez, Rio, The Prodigies et autres Mars needs Moms! Ajoutons que c’est en grande partie à cause de Rango que Pixar a annulé son projet à sang froid, Newt… Pour une fois que Dreamworks fait plier son concurrent!
Il me semble que Rango n’est pas un Dreamworks 🙂
Sinon pour revenir à Avatar, le « problème » ne concernait pas les cigares du gros méchant militaire balafré qui mange les enfants, mais que Sigourney la gentille scientifique fumait elle aussi des. Quel scandale d’incohérence pour une gentille! Cameron a du expliquer publiquement que c’était une façon de montrer qu’elle tenait plus à son avatar qu’à son vrai corps…
Lullaby Firefly: Toutes mes excuses :/ C’est effectivement la Paramount et non Dreamworks qui a produit Rango -_- C’est une belle boulette Oo Tu peux noter que je n’ai pas sournoisement modifié ma réponse précédente! Ce qui est écrit sur le Net reste gravé dans le marbre…
Pour Avatar, c’est la loi du good guy dans un film tout public! On représente l’ordre et la morale, on n’est pas dans un film de Bronson! Après Jack qui crachait dans Titanic, Grace qui fume dans Avatar.. A ce rythme là, dans Avatar 2, ils snifferont probablement de la colle et dans le 3, ca sera le petit rail… Cameron se laisserait-il porter par la mode de la badass attitude? En même temps, l’univers de Pandora ressemble à un trip sous LSD… James vivrait-il enfin ses 60’s?
(Tu peux noter la digression qui n’a pour but que de noyer le poisson sur la bourde suscitée)