Scott Pilgrim V.S The World
de Edgar Wright
avec Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Jason SchWartzman, Kieran Culkin et Ellen Wong
Etats-Unis – 2010 – 1h52
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Scott Pilgrim est un jeune canadien de 22 ans vivant à Toronto. Il a des allures de loser et joue comme bassiste dans un groupe de losers, Sex Bob-omb possédant un fan. Sortant d’une rupture amoureuse compliquée, il flirte avec une lycéenne d’une école privée, Knives Chau, mais quelque temps plus tard, une fille aux cheveux colorés apparaît dans un de ses rêves et cette fille existe. Elle s’appelle Ramona Flowers et Scott va devoir affronter ses 7 ex maléfiques pour pouvoir sortir avec elle, chacun doté de pouvoirs.
Le réalisateur et scénariste britannique Edgar Wright, connu pour ses films jouant sur le décalage ; d’une comédie romantique sur fond de film de zombies (Shaun of the Dead) ou d’un Buddy movie, c’est-à-dire « film de potes », dans un bled paumé d’Angleterre où il se passe normalement rien (Hot Fuzz) ; est sûrement le choix idéal pour cette adaptation du manga canadien de Bryan Lee O’Mallley. Servi par un casting où jeunes acteurs plus ou moins connus excellent (de Michael Cera confirmant son statut de jeune star à Kieran Culkin le plus drôle en coloc gay, Anna Kendrick, Mark Webber, Alison Pill ou encore Ellen Wong), le film a été un flop outre-Atlantique. Le magazine américain Forbes explique ce résultat par l’avant-gardisme formel du film qui n’est pas encore accepté ou compris par le public, alors que prochainement beaucoup de films utiliseront des formes innovantes. Car c’est la force première du film, son formalisme empruntant à la bande dessinée (les onomatopées), aux jeux vidéos (musiques de Zelda ou Super Mario, incrustation d’intertitres « versus », présence e pixels sur l’écran, gain de points à la fin de chaque combat et cinématiques d’enchaînements de coups dits « combos ») et aussi à l’univers de la sitcom (clin d’œil à Seinfeld…). Et comme tout anglais qui se respecte, l’humour absurde des Monty Python est bien présent.
On pourrait citer encore d’autres références mais Edgar Wright n’est pas Quentin Tarantino, le but n’est pas la référence. Scott Pilgrim est avant tout un teen movie, un film mettant en scène des jeunes destiné à un public de jeunes. Le réalisateur parvient à jouer sur la complexité, être adolescent c’est découvrir qu’on a un passé, que l’on aime ou pas, un passé partagé, pour chacun des personnages. On peut noter que si le récit filmique s’apparente à une quête de jeux vidéos certes, affronter différents méchants jusqu’au boss final, c’est une quête avec un sens réel que fait Scott, dépasser sa rupture amoureuse devenir musicien professionnel et avoir une relation épanouie, de même des autres personnages.
Alors Scott Pilgrim, film générationnel ? Oui mais pas intergénérationnel. Le film est générationnel pour les plus de 20 ans, ceux qui ont passé des nuits blanches sur Zelda de Nintendo 64 ou Gamecube ou avant, pas Warcraft ! Ceux qui ont abusé des Super Mario, avec champignon pour grandir, fleur pour d’envoyer des boules de feu ou une queue de raton-laveur pour voler ! Mais aussi les amateurs de Final Fantasy. Pour les autres ? Il se peut que l’accumulation ou abondances de références ou de motifs visuels peuvent dérouter les étrangers aux délires évoqués précédemment, trop d’intertitres et trop d’ellipses donnant par moments au long-métrage une impression de film-ecstasy : tout va très vite au risque de perdre le spectateur qui rigole d’une blague alors qu’on est déjà à celle d’après. On peut même parler de redites (onomatopées téléphoniques, blague sur la coupe de cheveux de Scott), néanmoins c’est un film qui prend des risques et qui innove, peut-être de façon moins intellectuelle que Apichatpong Weerasethakul, mais de façon que l’on aime toujours la pop culture, de plus en plus vidé de sa substance par les stars de la musique ou les mauvais réalisateurs (Lady Gaga ou la saga Twilight). Un conseil, précipitez-vous car il est dans très peu de salles, vous ne le regrettez pas.
Hamburger Pimp
« Tout va très vite » c’est vrai, mais les enchainements sont très bons et sans que ce soit au détriment de la narration.
Scott Pilgrim est le film qui m’a fait la plus grosse impression cette année.
C’est effectivement une vraie surprise!! Edgar Wright pousse le délire à fond et ça fonctionne très bien! Il parvient là où beaucoup ont échoué. Comme à chaque fois, il réussit avec brio le mélange des genres, poussant ici la logique au point de l’adapter à la forme même de son film!
Comme tous les geeks du monde, j’attendais beaucoup de ce film. Sans doute trop. La forme est aussi originale que le fond est banal. Pour avoir feuilleté la BD depuis, je pense que le réalisateur a fait le maximum avec le médium de base dont il partair, mais cela ne suffit pas à rendre cette histoire assez riche pour me tenir en haleine pendant presque deux longues heures. Au milieu du film je commençais à regretter que Ramona ait eu autant d’ex… Restent quelques bonnes répliques et les références à la pop culture qui m’ont touché. Mais – et cela m’attriste – si on n’est pas né dans les années 80, on peut clairement passer son chemin.
C’est vrai c’est pour cela que Hamburger Pimp le qualifie de générationnel mais pas intergénérationnel. Ce qui fait sourire les cibles visées n’intéresse pas forcément leurs ainés ou les plus jeunes. Mais quand on fait partie de cette génération, on est quand même amusé par les références à des éléments puisés dans la pop culture avec laquelle on a grandi. Et de ce point de vue là, le film est quand même réussi.
Ps: c’est jason schWartzman 😉