La Meute
De Franck Richard
Avec Emilie Dequenne, Benjamin Biolay, Yolande Moreau, Phillippe Nahon
France – 2009- 1h20
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Charlotte, rebelle solitaire partie au gré de la route et de sa pile de CD de classiques rock, prend en stop un jeune inconnu pour échapper à un trio de motards louches. Alors qu’ils font escale dans la gargote isolée de la Stack, tenancière à l’œil torve et à l’allure peu commode, le mystérieux auto-stoppeur avec qui la jeune femme a lié une amitié ambiguë, disparaît dans les toilettes. Aussi inquiète qu’intriguée, Charlotte retourne sur les lieux à la nuit tombée. Elle est loin d’imaginer le traquenard dans lequel elle vient de se fourrer.
Un casting de rêve pour un film de genre avec des vraies gueules de cinéma comme on aimerait en voir plus souvent dans le paysage horrifique français, une héroïne rock’n’roll, archétype peu exploité en général, la campagne beauf et grisonnante en fond, voilà en somme le package de La Meute, de quoi ravir les fans du genre. Mais malheureusement, ce n’est que l’emballage et aussi alléchant soit-il, il ne peut remplacer un bon scénario. Aussi décousu qu’une guenille de lépreux, rapiéçant bout à bout des principes propres aux films de redneck avec des idées déjà éculées par les films de morts vivants, le scénario passe d’un motif à l’autre pour créer des twists qui, dépourvus de ponts les liant les uns aux autres, enfoncent une crédibilité déjà entamée par un humour lourdingue et un éventail de personnages clichés que l’on aurait souhaité un poil plus fouillés. Alors qu’il s’engouffre dès le début dans la lignée de Massacre à la Tronçonneuse (les similitudes, volontaires ou non, avec le chef d’œuvre de Tobe Hooper s’insinuant fortement dans le premier quart d’heure, entre référence au Texas et éléments de décors empruntés, notamment la pièce secrète et le frigo du boui-boui de Yolande Moreau), le film s’émancipe d’un seul coup de ce modèle pour en épouser un autre, celui du zombi, bien que modifié, renommé et accompagné d’une mythologie maison, expédiée dare dare en voix off sans ménagement ni profondeur, comme pour justifier montre en main, la genèse de ses monstres, la fameuse Meute éponyme. Bien mal en fasse au réalisateur/scénariste, qui périclite aussi totalement l’intérêt pour son monstre, qu’il a souhaité original mais qui au final ne repose plus que sur le visuel, et non plus sur la légende fantastique qui l’entoure, ce qui en fait un prétexte creux plus qu’une figure d’épouvante.
Franck Richard, qui a la chance non seulement de réaliser son premier scénario mais en plus avec des noms plutôt reconnus dans le milieu, parvient à donner à une actrice césarisée (Yolande Moreau) un personnage si peu charismatique qu’il se rapproche dangereusement de ses prestations dans les Deschiens ( avec la diction inaudible qui lui est particulière), alors qu’elle est la pierre angulaire de sa trame et l’antagoniste horrifique qui devrait amener sa (grande) part de peur au spectateur. Mais sa plus grande prouesse reste de réussir à faire un film d’horreur interdit au moins de 16 ans qui ne fait même pas frémir une seconde. Il prouve encore une fois que l’utilisation à outrance d’effets gore sans fond, ne fait pas tout. Le gore pour le gore ne génère pas la frousse recherchée par l’audience, qui reste assez froide à la succession de scènes prévisibles, déjà vues dans de meilleures circonstances et traitées avec une telle rapidité qu’elles en perdent la tension qu’elles sont censés véhiculées. L’exutoire attendu n’aboutit pas et l’on sort de la séance comme on y est rentré, sans séquelles. Il faut tout de même reconnaître le jeu très juste d’Emilie Dequenne (qui ne sauve pas pour autant le tout), mais qui prouve que c’était bien la mauvaise direction d’acteurs de Christophe Gans qui était responsable de sa prestation catastrophique dans Le Pacte des Loups. Sûrement le plus grand intérêt du film. Mais devant un scénario aussi bâclé, on ne peut blâmer le casting, de même que quand le bateau coule parce que la coque n’est pas étanche, on ne peut condamner le personnel de bord.
Lullaby Firefly
Comme je n’arrivais pas à m’endormir et que Facebook n’arrivera pas à me faire taire, j’ai donc lu cette fameuse critique sur l’une des plus grandes supercheries cinématographique de l’histoire du film de genre Français et je dois avouer que ta chronique est d’une lucidité exemplaire. Je la trouve tellement bien écrite que ce navet ne mérite même pas qu’on en parle avec autant de perspicacité. Pour ma part, je garde aussi en mémoire la prestation pitoyable de Benjamin Biolay, qui est d’une raideur aussi affligeante que sa musique. C’est mon avis, en tout cas ! Bref, un film à oublier très rapidement.
On ne pourrait me faire compliment plus élogieux! Merci 🙂