Greenberg
De Noah Baumbach
Avec Ben Stiller, Greta Gerwing, Rhys Ifans, Jennifer Jason Leigh
USA – 2009 – 1h45
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Afin de se remettre de sa dépression qui l’a conduit en séjour en hôpital psychiatrique, Roger Greenberg, menuisier de métier, débarque de New York à Los Angeles chez son frère, aussi riche et heureux que Roger semble pauvre et triste, parti en vacances avec sa famille. Il y retrouve ses anciens amis, perdus de vue depuis 15 ans et rencontre la jeune et fraiche assistante de son frère, Florence, avec qui il tentera de tisser une relation aussi complexe que salvatrice.
Le personnage de Greenberg offre à Ben Stiller un rôle au combien plus subtil que ceux auxquels l’acteur nous avait habitués. Ce quadra en crise existentielle depuis qu’il a saboté l’unique chance pour son groupe de musique d’être signé par un label il y a 15 ans, passe de lettre de réclamation en lettre de réclamation pour dénoncer les imperfections d’un monde qu’il ne parvient pas à accepter tant il vit dans le passé, regrettant l’âge d’or de sa jeunesse et des possibilités qui s’ouvraient alors à lui. Car n’est ce pas signe de dépression que de se laisser submerger par les remords ? Pour Greenberg, la fuite de Los Angeles et de cet échec qui a modifié le cours de sa vie et celles des membres de son groupe n’a pas empêché la culpabilité et la neurasthénie de le poursuivre. La réponse de Noah Baumbach est sans appel : c’est affronter ses peurs qui amène vers la guérison, comme accepter de plaire à une fille plus jeune, accepter la vie choisie par son meilleur ami, accepter que son métier ne soit pas un simple boulot alimentaire dont on aurait honte, mais qui confère le pouvoir de créer des choses.
De même, comme un alter ego, Florence vit ce présent passivement, laissant sa jeunesse filer, sans penser aux remords qui peut être la rongeront plus tard. Elle couche passivement avec le premier venu, se rend passivement à l’hôpital pour avorter, sans se poser de questions, comme spectatrice de sa propre vie, mais sans pour autant basculer dans la dépression. C’est en cela qu’elle s’oppose au héros et est la rédemption de Greenberg.
A noter l’interprétation remarquable d’un Rhys Ifans qui troque ses habituelles gimmicks loufoques pour ce personnage de père divorcé très terre à terre, ainsi que de la nouvelle venue, Greta Gerwing, symbole d’une génération désabusée et résignée, qui somme toute, est à l’image de la jeunesse de notre époque.
Lullaby Firefly
Bonne critique de ce film atypique et touchant que j’ai beaucoup aimé ! Moi qui ne suis pas une grande fan de Ben Stiller, je le trouve étonnamment convaincant en quadra dépressif complètement paumé et en décalage avec le reste de la société. Et une mention spéciale à l’actrice inconnue au bataillon Greta Gerwing !
Donc un film que je recommande pour ceux qui n’ont pas peur de s’éloigner des gros blockbusters américains.
Ben Stiller s’en sort très bien dans ce rôle à contre courant avec les choix de carrière habituels de l’acteur! Le reste du casting est aussi très judicieux, Greta Gerwing s’illustrant à merveille dans ce rôle de jeune femme désabusée et spectatrice passive de sa propre vie. Une jolie surprise de l’année!